15 octobre 2006

la reine et le pm


Rappelons l'anecdote. Diana Spencer se tue en voiture à Paris et ça ruine les vacances d'Elizabeth Windsor dans sa jolie résidence secondaire de Balmoral en Ecosse. Pendant ce temps à Londres, Alastair Campbell le spin doctor qui vient d'aider Tony Blair à conquérir le poste de premier ministre de Sa Majesté, invente le slogan 'Princesse du peuple' aussitôt utilisé par Tony dans son hommage télévisé à la charmante divorcée. Opération sensationnelle: Tony émeut l'Angleterre et crève le plafond de la popularité.

Mais voilà-t-il pas que la presse populaire - elle aussi -, prend à partie la reine pour son absence de réaction officielle et d'émotion publique. Chaque jour les unes des tabloids deviennent plus agressives envers la famille royale, cependant que chaque jour une foule plus nombreuse et plus grincheuse vient entasser des bouquets de fleurs devant la résidence londonienne de la reine. Tony commence à comprendre que la créature à laquelle Alastair Frankenstein et lui-même ont contribué à donner la vie, est devenue un monstre qui sera bientôt hors de tout contrôle. Là haut en Ecosse, la reine s'obstine à ignorer la populace agitée, tandis que le prince consort traque le cerf pour distraire les petits orphelins royaux au grand air. Il faut sauver la reine contre elle-même.

Finalement, Tony sincèrement inquiet pour HM et pour la monarchie, saisit une énieme fois son téléphone et dérange 'm'ame' à l'heure du thé. Cette fois, il ose hausser le ton et parvient à trouver les mots pour lui promettre du sang et des larmes si elle ne cède pas à un programme de communication de crise en quatre points, cousu main par le numéro 10 pour calmer la foule. La grande dame cède. Elle interrompt ses vacances pour revenir à Londres et se donner en spectacle comme aucun monarque britannique avant elle: message télévisé co-écrit par Alastair, funérailles nationales où elle doit coudoyer des chanteurs de variétés et des tailleurs jet-set, et mimer le chagrin comme un personnage de soap. Dans l'histoire d'Angleterre, la peuple avait déjà destitué ou décapité des rois, mais jamais on ne leur avait fait subir pareille humiliation.

The plot against Britannia

A qui profite le crime? Je vais vous le dire. Et je peux sur ce blog vous dévoiler toute la vérité sur cette affaire. L'affreuse vérité c'est que Chérie Blair (républicaine rampante) et son amant Alastair Campbell, après avoir porté au pouvoir cet imbécile de Tony, sont passé à la phase deux de leur plan en assassinant Diana à Paris. De concert avec leur complice Rupert Murdoch, ils ont alors orchestré une campagne contre la monarchie. Le complot aurait du finir en Révolution, Elizabeth abdiquant, assignée à résidence à Balmoral, tandis que Tony deviendrait Président à vie et que le couple maudit mettrait la main sur les ors de Buckingham. Le seul hic dans leur conspiration diabolique fut l'affection quasi filiale que Tony se mit à éprouver pour la vieille et qui l'amerna à sauver la couronne au dernier moment. Damned!

Now seriously...

Sérieusement je pense que la reine n'aurait jamais dû céder au diktat de la presse people et du sentimentalisme le plus écoeurant.
Que serait-il advenu? On aurait jeté des oeufs sur Buckingham et pendant quelques mois des panneaux désobligeants auraient peut-être apparus dans les foules pendant ses voyages officiels. Elle aurait peut-être été un tantinet moins aimée mais aurait conservé tout le respect du peuple. C'est tout. Au lieu de quoi, en acceptant de s'humilier à parodier des sentiments qu'elle n'éprouvait pas, et n'avait aucune raison d'éprouver, à l'égarde de son ex-bru, elle a sacrifié un morceau de sa dignité contre quoi? Une 'image' plus 'humaine'. Pouah!

Soyons clair: le destin de la monarchie anglaise et de la famille Windsor-Saxe-Cobourg m'indiffère passablement. Mais ce qui me chagrine dans cet épisode c'est que le sentimentalisme people le plus éhonté, relayé par des responsables politiques opportunistes, ait fait s'abaisser une vieille dame digne et intelligente qui pendant 70 ans avait été 'impeccable' et droite dans ses bottes de cheval.

La dernière des dames de fer

Je crois que Frears nous dit avec ce film: la seule tradition aristocratique de valeur, et typiquement anglaise, qu'Elizabeth incarnait à merveille, c'était le sang-froid, le stoïcisme, la pudeur, la 'résilience'. Les bombes allemandes n'avaient pas réussi à faire fuir George VI de Londres; les spins doctors et les tabloïds ont délogé sa fille de Balmoral en moins d'une semaine de blitzkrieg lacrymogène.

Avec ou sans ce triste épisode, le successeur de Elizabeth - que ce soit son fils ou son petit fils - aurait très certainement interrompu cette tradition stoïque pour embrasser la société du spectacle. On aurait pu au moins épargner ça à la vieille dame.