26 mai 2007

Fermat's Last Theorem, par Simon Singh


J’ai déjà parlé ici de Big Bang de Simon Singh, voici Fermat’s Last Theorem. Exactement comme dans Big Bang avec la cosmologie, Singh fait un roman policier à suspense avec l’histoire des mathématiques.

Ça démarre vraiment comme une crime story. En 1993 à Cambridge, le mathématicien anglais Andrew Wiles stupéfie le monde en faisant, durant un colloque, au tableau, la démonstration du théorème de Fermat qui échappait à tous les plus grands mathématiciens depuis plus de trois cent ans.

En 1637, le mathématicien toulousain Pierre de Fermat écrivit dans la marge de son examplaire du Arithmetica de Diophante la proposition suivante :

Soit x, y et z trois nombres entiers. Soit n un nombre entier.
Si n est supérieur ou égal à trois, il n’existe pas de solution à l’équation :

z(n)= x(n) + y(n)

Et Fermat ajouta négligemment, en latin, la notation suivante : ‘j’ai trouvé une démonstration magnifique à ce théorème mais je n’ai pas la place de l’écrire ici’. Fermat était comme ça, un génie amateur, dilettante et arrogant. Par tempérament et par nécessité (son emploi de clerc au Parlement de Toulouse), Fermat avait en permanence des intuitions géniales mais ne prenait jamais le temps de les développer ; il jetait juste les bases de ses démonstration et mettait au défi les autres grands mathématiciens – souvent riches et oisifs - de compléter. Il était le McEnroe des maths au XVIIème siècle ; il rendait fous de rage tous ses collègues européens avec qui il correspondait.

La fascination rapidement exercée par le théorème de Fermat, au-delà du milieu des mathématiciens professionnels, provient de l’extrême simplicité de son énoncé (qui suggère intuitivement une démonstration simple elle-aussi), et du défi mystérieux derrière la notation de Fermat (j’ai trouvé la solution mais je ne vous la livrerai pas). Tous les plus grands génies des trois siècles suivants se sont essayé à (re)trouver la solution : Newton, Euler, Gallois, Cauchy, Lamé, Kummer etc. Le problème est devenu encore plus mythique lorsque des mathématiciens amateurs et riches ont commencé à promettre des prix substantiels à qui trouverait le Graal des maths : en 1908 l’allemand Paul Wolfskehl laissa par testament une somme de 100 000 marks (environ 700 000 euros d’aujourd’hui) à qui trouverait une solution dans les cent prochaines années.

La résolution du théorème de Fermat était donc à la fois un exploit sportif, une conquête et une (re)découverte : l’Everest, le Pole Sud, le Saint Graal et le trésor des Incas. Un merveilleux sujet de bouquin. Nous sommes bien dans le domaine du sport, de l’inutile, car la résolution du théorème n’a aucun intérêt scientifique ou mathématique majeur. Il a été prouvé des le XIXème siècle que le théorème était vrai pour la plupart des nombres premiers et, partant, pour pratiquement toutes les valeurs de n. Apres 1945, les ordinateurs ont calculé qu’il était vrai pour des milliards de valeurs de n, mais, bon il restait à démontrer qu’il était vrai pour TOUTE valeur de n.

Le théorème de Fermat est un merveilleux sujet en lui-même mais aussi le prétexte parfait pour une histoire amusante et passionnante de l’arithmétique et de la théorie des nombres en particulier. On y redécouvre beaucoup de propriétés merveilleuses des nombres premiers. Par exemple saviez-vous que Pythagore avait fondé une sorte de secte secrète d’adorateurs des nombres, et qu’il fit mettre à mort un disciple qui avait osé suggérer l’existence de nombres irrationnels (qui ne peuvent s’écrire sous la forme d’une fraction de nombres entiers). On y redécouvre certaines des démonstrations les plus élégantes comme la démonstration par Euclide que la racine de deux est précisément un nombre irrationnel. On se replonge dans l’invention des nombres imaginaires (je me souviens encore de mon émerveillement quand on nous a révélé la solution de x2=1, le nombre imaginaire pur i). Bref le bouquin nous promène depuis les grecs jusqu’aux mathématiciens contemporains pour nous expliquer, étape par étape l’apparition des principaux concepts qui ont conduit à la proposition de Fermat et les principales branches des maths qui ont après lui, essayé de le résoudre. Singh sait raconter avec clarté et divertir le lecteur avec des anecdotes sur la vie des grands génies, comme le tragique et romantique destin d’Evariste Gallois (le James Dean, le Jimmi Hendrix des maths).

Mais revenons à Wiles. Ce jeune type, après deux ans passées reclus à chercher secrètement la solution, accède du jour au lendemain à la gloire des grands découvreurs et des grands sportifs. Il rejoint Bob Beamon et Roald Amundsen. Après son triomphe à Cambridge, Wiles livre un manuscrit de 60 pages aux journaux mathématiques qui affectent, simple routine, une demi-douzaine de mathématiciens de diverses spécialités pour examiner et confirmer la démonstration, étape par étape, avant publication. Et c’est le drame, car l’un d’entre eux découvre une petite faille, un maillon faible dans la logique de Wiles. Wiles admet le problème et pense pouvoir le résoudre en quelques jours, mais il s’avère que la faille est fondamentale et détruit la validité de sa preuve. Tout s’écroule. Mais, comme dans un roman, Wiles se remet au travail avec ses collaborateurs pour contourner le problème et tenter d’atteindre véritablement le sommet de la montagne.

Je ne vous dirai pas ici si Wiles a finalement franchi les derniers mètres et réussi à prouver la conjecture de Fermat, car je ne le savais pas moi-même et le suspense participe évidemment au plaisir du livre.

Mais que Wiles ait trouvé ou non la solution, le mystère demeure : Fermat avait-il vraiment trouvé une solution de son coté ou était-il juste en train de se vanter ?
Disons simplement, qu’étant donné la longueur et la complexité de la démonstration de Wiles, empruntant aux concepts et aux constructions les plus sophistiquées des maths du XXème siècle, il est absolument impossible que Fermat ait développé une démonstration similaire. Il parait aussi à peu près impossible qu’il ait trouvé une autre solution avec les outils rudimentaires de l’arithmétique du XVIIème siècle, et que personne d’autre n’aurait retrouvé après lui. Mais il est tentant et romanesque d’imaginer qu’il a griffonné une solution fulgurante au dos d’un carnet disparu…

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Il faut absolument que vous fassiez lire ce bouquin à vos gamins, à partir de 13-14 ans je dirais. Ce petit bouquin passionnant (et facile en anglais) leur apprendra que les maths c’est de l’art, c’est un jeu, c’est un sport, c’est fun, s’ils n’ont pas eu la chance de tomber sur un prof qui leur a fait aimer les maths.

Un autre bouquin sympa sur les maths à faire lire aux ados, c’est Le Théorème du Perroquet de Denis Guedj, une petite histoire policière à la Pennac qui elle-aussi nous entraîne dans la fascinante histoire des nombres.

Le site Simon Singh

17 mai 2007

josé's clandestine dog

Si José Mourinho n’existait pas il faudrait l’inventer. Cette semaine a vu la plus belle, la plus rocambolesque et la plus bizarre des anecdotes mourinesques depuis trois ans que José nous régale de ses excentricités.

Sur information de quelque indic véto, des flics et des vétos assermentés ont débarqué chez les Mourinho pour inspecter le chien de la famille : un Yorkshire terrier répondant au nom de Gullit. Déjà c’est amusant car on imaginerait plutot José d’un chien plus… viril. Bien que de race anglaise le chien aurait été importé récemment du Portugal par le couple ; il est soupçonné de n’être pas en règle au niveau de la législation sur les transferts, pardon sur la rage. (Malgré l’union européenne et l’arrêt Bosman, les animaux doivent toujours subir une quarantaine sévère avant d’entrer en Angleterre).

Prévenu par son épouse, José a quitté précipitamment la cérémonie Chelsea Best Player of the Year Award pour rappliquer furax dans son 4/4. Lui qui n’hésite jamais à insulter les arbitres et les managers adverses, on imagine assez facilement son attitude vis-à-vis de fonctionnaires vétérinaires qui avaient la prétention de donner un carton rouge à Gullit. Alors que la conversation s’échauffait, le ‘special one’ s’est soudain éclipsé pour passer un coup de fil, emportant le petit animal dans ses bras. Next thing you know, plus la queue d’un Yorkshire dans la maison. On suppose qu’un ami du couple est venu récupérer le chien par une porte dérobée, pour lui éviter la raffle.
José se voit alors prié de venir s’expliquer au poste, pour avoir soustrait un animal délictueux au soin des services sanitaires. José a été entendu ; on a pris son ADN et ses empreintes ; et il a été relâché au bout d’une heure contre versement d’une caution.

Pour avoir introduit subrepticement un joueur, pardon un chien, en Grande-Bretagne, José risque un an de prison et une amende carabinée. Et bien sur toutes les polices du royaume sont aux trousses de l’animal. Rappelons que West Ham risque d’etre rétrogradé cette saison pour avoir importé un joueur argentin avec des papiers pas en règle.

Eh oui José c’est ça l’Angleterre : les gangsters russes et les attaquants ukrainiens sont les bienvenus, mais on envoie des sbires pour traquer les chienchiens étrangers des WAGs (Wifes and Girlfriends).

13 mai 2007

Chirac ou la banalité

Au moment de dire good bye Chirac, quelques commentaires sur le remarquable film de Patrick Rotman. Superbes images d'archives et très bonnes interviews de très proches qui ne mâchent pas leurs mots. Mais je suis moins impressionné par le spin qui consiste a' inventer un 'mystère Chirac'.

Le montage de Rotman essaie de véhiculer l’idée d’un mystère Chirac. Il finit par Seguin disant On arrive presque à cerner Mitterrand avec de l’entraînement, mais Chirac personne ne sait qui c’est. Suspense superficiel à mon avis. Car la triste vérité est qu’il n’y a PAS de mystère Chirac – l’homme est véritablement superficiel, psychologiquhement banal. Pourquoi vouloir toujours penser qu’il a un mystère passionnant dans la psyché des grands hommes politiques ? De même je suis 100% derrière Arendt et son concept de banalité du mal – pas besoin de main du démon ou de conjonction psychanalytique exceptionnelle pour produire un Eichmann, un Hitler. Pas de mystère dans le fait que des individus médiocres arrivent au pouvoir et réalisent éventuellement des grandes choses.

Aucune vraie révélation la dessus dans ce film. Passons sur l’amateur de poésie et civilisations orientales, longtemps trop pudique pour en parler, inquiet que ses amis les politiques et les agriculteurs ne se gaussent de ses goûts sophistiqués. Oui, on le savait et tous les interviewés le confirment, Chirac aime véritablement les paysans et les vaches et l’art oriental. Pas d’affectation et pas de mystère non plus. Et alors ?

Chirac est tout simplement un type qui aime les paysans et les vaches et l’art oriental, et le combat politique, et le pouvoir. Plus la politique que l’exercice du pouvoir, chacun le confirme. Il a besoin d’être aimé, respecté, craint. Il aime sincerement la causette avec les gens simples et il aime aussi avidement le luxe et les honneurs. C’est - banalement - un Don Juan qui se lasse rapidement de ses conquêtes et qui n’est d’ailleurs pas doué pour les conserver. C’est tout simplement un Gargantua. Des types comme Chirac il y en a plein dans tous les métiers.

Son camarade de Science Po Rocard parle avec un mélange de tendresse et de mépris du grand escogriffe. Il a eu du talent et souvent courage en politique, une capacité à changer d’idées et d’objectifs en six mois. Cela pourrait être une qualité si il y avait un commencement de ‘colonne vertébrale’ intellectuelle derrière les revirements d’idées ou de stratégies. Mais la longue carriere montre abondamment qu’il n’y a absolument aucune logique derrière les choix de Chirac, autres que conquérir et conserver le pouvoir et écouter le conseiller du moment. Mitterrand était tout aussi cynique que Chirac et beaucoup plus machiavélique encore, et méchant bien sur, au sens Nietzschéen. Mais Mitterrand au moins avait une certaine idée de la France.

Pasqua rend un hommage marqué au grand François et on sent qu’il a été déçu que son poulain s’avère un peu juste au moment d'affronter le plus grand animal politique de son époque. Pasqua admire en connaisseur le grand artiste qu’était Mitterrand – on sent qu’il aurait aimé mettre ses talents au service du Prince Florentin ; il prétend avoir prévenu Chirac qu’il ne serait pas à la hauteur ; il prétend que le débat télévisé a scellé sa défaite humiliante – mais je pense que le seul débat n’explique pas un écart 54/46 et que les gesticulations de Pasqua dans les semaines précédents l’élection ont joué un plus grand rôle.

Maintenant que j'y pense, peut-être que Pasqua travaillait pour Mitterrand finalement.

Intéressans rappels sur Juillet et Garaud les éminences grises de Chirac jusqu'au milieu des années 80, ultra-conservateurs, derrière la trahison et le flingage de Chaban en 1974, la prise de l’UDR en 1975, la conquête de Paris en 1977, l’appel de Cochin en 1978 (hystériquement anti-européen), le flinguage de Giscard en 1981 (Seguin racontant tranquillement comment bien sur, les chiraquiens ont activement travaillé a’ la défaite de Giscard contre Mitterrand.

Et puis les petites phrases des Juillet/Garaud a’ l’égard de leur poulain.
(alors qu’il les remercie de l’avoir forcé a’ se faire élire a’ Paris) C’est bien la Premiere fois que je vois un cheval remercier son jockey(peu après que Mitterrand les ait viré pour tomber tout cru dans l’influence Pasqua) On croyait qu’il était du marbre dont on fait les statues, mais il est du marbre dont on fait les lavabos.

'big bang' by Simon Singh


This history of cosmology and the successive views of the cosmos, is one of those books I would have loved to read between say 12 and 14 years-old – but I can still enjoy them very much now.

It is lots of fun and fascinating anecdotes. It explains in the clearest way the most complex astronomical and physics theories. At another level it is full of interesting epistemological observations on why one theory is believed and one is not, what is good science and bad science (eg all things being equal the simplest explanation is likely to be the right one), how the different paradigms follow each others, how one finally supersedes another one, how theory and observation complement each other, how astronomy and physics interacted in the XXth century.

Like he did with the most famous math problem in the equally fascinating Fermat’s Last Theorem, Simon Singh builds a very entertaining and well-structured crime story on the Big Bang cosmological model.

We have this ugly word in French ‘vulgarisation’ to refer to what Anglo-Saxons call ‘popular science’ although the French astronomer Camille Flammarion one of the first to write popular books on science in the late 1800s (although he may have discredited himself to the eyes of fellow scientist and therefore undermining popular science by also publishing works of science fiction and on spiritism).

Talking of popular science, the BBC has just celebrated the 50th anniversary of the astronomy programme ‘The Sky at Night’ which was first presented by the serious-but-relax Churchillian-looking astronomer Sir Patrick Moore in 1957 and still a weekly show today. It is believed it did a lot to keep popular science culture and scientific studies alive in the UK, I am afraid I cannot mention one French programme on astronomy or any other popular science subject in prime time hours. The only one I can think of, by the ridiculous brothers Bogdanoff, was mixing science and science fiction and stopped many years ago anyway.

Early astronomical discoveries are amazing by their simplicity. Armed with good sense, good reasoning, a little observation of simple facts, and the most basic trigonometry concepts, and a tool to measure angles accurately, a 11-years-old squad can re-do the line of reasoning that led ancient Greeks to calculate, with 10% accuracy:
• The circumference and diameter of the Earth (Eratosthenes and the well of Assuan)
• Then the diameter of the moon (as it crosses the shade of Earth)
• Then the distance of the moon
• Then the distance of the sun
• Then the size of the sun

How come we don't get to do that in class?

Successive paradigm on the shape of the universe

1. Earth-centred model. Fixed Earth at the centre of the universe (Ptolemy model made the official catholic paradigm)
2. Sun-centred model. Sun at the centre of the universe, Earth spinning and orbiting around the sun, the star still being a fixed background (voute céleste) (Copernicus, Kepler)
3. Milky Way. Sun being part of a group of similar stars, hence no longer the centre of a fixed celestial sphere (Herschel, 1700s).
4. Modern Universe. In 1923 US Astronomer Edwin Hubble demonstrates that nebulae are not within the Milky Way but are instead other galaxies in their own right, far beyond the Milky Way, thus ending ‘The Great Debate’.

10 fun facts about cosmology

1. Among ancient civilisation, Babylonian and Egyptians were technologists, as were Romans later. But Greeks invented Science, the contemplation of nature and the sake of knowing it understanding natural phenomena and laws. In the field of astronomy, Babylonian and Egyptian were fantastic observers in order to establish calendars and astrology predictions; but their cosmology views was stuck by religious beliefs. Aristarchus of Samos (born 310 BC) first developed a heliocentric model putting all planets in the correct order of orbiting, but it was rejected for being contradictory to common sense and cosmic myths: if Earth was not at the centre of the universe, how come objects seemed to fall towards the Earth? And if Earth was moving around the Sun, how come we are not blown away by the ‘wind’ this motion would create? Also the model of a fixed Earth in the middle of an outer fixed sphere of fixed stars was felt to better explain the absence of parallax of stars. As a result, Aristarchus and heliocentrism fell into total oblivion for two thousand years. It is now believed Copernicus had some notion of Greek heliocentrism but he did not mention it in his books, maybe by fear of referring to pre-Christian scientists.

2. The Earth-centred system was struggling to explain some astronomical observations like the apparent retrograde motion of planets. To fix that, Ptolemy (90-168 AD) came out with a complicated and bizarre cosmology involving ‘epicycles’ of planets. But it made the trick of being consistent with detailed observations. As a matter of fact, hundreds of year of investing in astronomical observations according to the Ptolemaic model made it increasingly more 'accurate' in predicting terms and too valuable to just throw away. It is one of the drivers of conservatism in science: you are better off and right living with a wrong theory that works, than throw the baby with the water. After all who cares about the real shape of the world when you spent years learning the Ptolemaic canons? Better wrong with Ptolemy than right with those Copernicians punks.

3. The middle-age world, both Christian and Islamic, picked up a few known books from Greek philosophers and scientists - mostly Aristotle and Ptolemy – but sometimes they picked the wrong ones (Ptolemy had also made a huge error in his Geography, by underestimating the circumference of the Earth – which incidentally made Columbus believe he could reach Asia by sailing West). They chose between ancient theories those that seemed roughly compatible with holy books, and made them an article of faith, prohibiting any other ones. No wonder that Copernicus’ De Revolutionibus (1543) was totally ignored – and banned - for decades.

4. Galileo was the first to use lenses and telescopes to observe the sky. Equipped with the best telescope of his time he made many observations that proved Copernicus paradigm: he discovered the moons of Jupiter, proving some objects do orbit other planets than Earth; he proved that the phases of Venus are incompatible with the Earth-centred model but look fully in line with what Copernicus predicted. The book he wrote to support the Sun-centred model – Dialogue concerning the two chief world systems – was all the more dangerous and provocative that it was written in Italian not Latin, and written as a Socratic dialogue to be understandable by anyone with good sense. Although the pope Urban VIII (Maffeo Barberini) was an youth friend of Galileo, the religious politics of the time – the competition from rising Reform – led the Catholics to be ruthless on dogma and conservatism, so Galileo had to recant in 1633 under torture threat.

5. At the beginning of the XXth century, scientists assumed a static, eternal and stable universe. After developing its General Relativity physics (1915), Einstein looked at the cosmological consequences and was horrified to see that it meant gravitational attraction would make the universe collapse. So he tweaked his own beautiful model by introducing the ‘ugly’ (to his own acknowledgment) ‘cosmological constant’ to counteract gravity and keep the universe stable.

6. The concept of a dynamic universe was first developed by theoretician physicists Russian Friedman and Belgian Lemaitre in the early 1920. Lemaitre’s theory was that modern universe evolved from the explosion of a compact, almighty, ‘primeval atom’. Although their models were based on Einstein’s general relativity physics (with the cosmological constant ditched) and compatible with it, Einstein fiercely opposed them, to the point of publicly humiliating Lemaitre – Einstein’s rejection at this point was more than enough to ruin someone’s career. However, after Hubble had observed the recession of galaxies, Einstein showed his greatness by being able to fully apologize to Lemaitre and then endorse the expanding universe theory. He made this extraordinary comment: ‘To punish me for having been such a rebel, fate made me a despot myself’.

7. Studying the spectroscopy of distant stars and galaxies, Hubble in 1929 that the wavelength of the light of most stars are getting longer (redshift), which according to the Doppler effect, means they are moving away from us. In fact the further they are, the faster they race away. It proved the universe is expanding and suggests indeed a primordial explosion (although Hubble himself never indulged into cosmology).

8. Despite this blow, British supporters of the stable universe led by Fred Hoyle came back in the 1940s with the ‘Steady State’: the universe is expanding but new matter is created in between galaxies so that there is no need of a initial explosion to explain motion and matter, and the universe remains eternal and structurally stable. As the fierce academic battle between the two paradigms hits mainstream press, Hoyle derides the expanding universe as a ‘Big Bang’ theory, thus inadvertently giving his opponents a popular label. Some cosmologists also found the big bang suspicious because it looked too much like Bible Genesis and the hand of God – besides it had been first invented by a catholic priest…

9. Meanwhile US physicists Gamow and Alpher developed the big bang paradigm, linking nucleosynthesis, astronomy and cosmology in a elegant and consistent history of the big bang, from a dense hot chaotic plasma of particles to atoms and stars. It explains the relative proportion of hydrogen and helium in modern universe from fusion in the early seconds after big bang, but fails to explain the further synthesis of carbon and heavier atoms. They also predicted that a Cosmic Microwave Background radiation (CMB) may still visible as an echo of the flash that happened 300,000 years after big bang, when electrons are finally captured by nuclei and photons are able to circulate unhindered across matter.

10. Fred Hoyle gave another hand to the big bang theory when he helped overcoming the problem of nucleosynthesis of heavy elements. However the coup de grace came Penzias and Wilson who in 1964 accidentally discovered the predicted CMB when trying to identify the cause of the noise affecting their radio-telescope. The fossil radiation had the exact wavelength predicted by Gamow was indeed coming from every direction of the sky. (Also financed by Bell Laboratories to study on natural radio waves interfering with long-distance communication, Karl Jansky had discovered cosmic radiations in the 1930s).

Simon Singh's website

7 mai 2007

tout est bon dans la Juliette

Depuis mon papier sur Le Festin de Juliette j’ai écouté ses autres disques, plus anciens et plus récents, et je peux dire que ‘tout est bon dans la Patronne’. Je suis toujours plus impressionné par l’éventail de ses talents et de son tempérament.

Je citais la filiation Brassens pour la rigueur de l’écriture, l’inscription dans l’héritage littéraire et poétique, la vision du monde; mais Brel, le Brel comique et ironique, est une influence plus claire et plus importante dans son interprétation et sa présence théâtrale, son tempérament d’ogre rageur, qui ose tous les effets de voix, les accents, les pastiches, les blagues (au contraire de la sobriété de Brassens). Juliette a beaucoup chanté le grand Jacques sur scène – elle donne une merveilleuse interprétation des Timides dans Deux Pianos.

Le registre thématique et musical de Juliette ne connaît pas de limites ; elle tente tout et excelle partout, jugez vous-même : elle passe du comique-troupier-fanfare à la Fernandel (Revue de détail) à un texte de poète arabe moyenâgeux (L’Ivresse d’Abhu-Nawas). Elle traduit et chante en latin un texte de Baudelaire (Franciscae Mae laudes), avant un sketch musical electro (Fantaisie Héroique) sur ce truc que dans ma boite de geeks on appelle les MMOG (Massively Multiplayer Online Games – bref les jeux de rôle ‘fantasy’ sur internet). Elle s’inscrit aussi avec plus ou moins de distance dans la belle tradition accordéon-musette (chansons comiques ou ‘réalistes’), et nous fait de pures délires potaches à la VRP, à la Coluche (Tout est bon dans le cochon).

Rimes féminines (1995)

La chanson éponyme, une chanson féministe de combat, ouvre le disque avec brio et musique militaire. Puis l’on passe en revue tout l’éventail des femmes et de la condition féminine : égéries, tueuses, géante, soldate, pute, consommatrice, petite fille modèle, maquerelle, amante, avortée, mère de Carlos Gardel, meneuse de revue.
La plupart des paroles sont de Pierre Philippe, les musiques et arrangements sont de Juliette ou Didier Goret.

J’ai déjà cité Revue de Détail, sketch troupier féminin, coquin avec l’accent. Consorama est une brillante dissertation sur le monde consumériste en forme d’opérette publicitaire, avec orgue hammond et vibraphone (ambiance année cinquante, chœur de jingle radiophonique). La Géante est un conte moyenâgeux érotique inspiré de Rabelais. Puis Juliette nous joue une mère maquerelle de choc sur un air de jazz cabaret (Remontrances) une diva de music-hall Broadway avec I’m still here – Tenir (chanson de Stephen Sondheim). J’ai cité l’influence de Danny Elfman dans Le Festin de Juliette sans savoir que j’allais trouver dans Tueuses sur cet album une citation directe du thème du Noël de Monsieur Jack (clochettes comprises) dans cette chanson composée et arrangée par Didier Goret.

Deux Pianos (1996)

Concert à la salle Gaveau en 1996 avec Didier Goret, ou Juliette reprend la plupart les chansons de Rimes Féminines. Dans une salle classique, il était approprié de commencer par La Petite fille au Piano. Une petite bûcheronne du piano, une bête à concours comme il y en a tant (‘teigne comme l’était Rubinstein’) massacre les touches avec des airs de sainte nitouche et une rage effrayante contre le monde.

Pour préparer le conservatoire
Maman fait mander tous les soirs
De vieux messieurs habilités
A venir vérifier mon doigté
Sur moi ils ne posent pas leurs pattes
Maman l’interdit mais constate
Qu’eux partis, un machin brillant
Scintille au creux de mes rubans


Ca commence mimi donc puis ça commence à se dégrader.

Pour remporter le prix Cortot
(variante live : Pour jouer à la salle Gaveau)
J’ai joué comme on joue du couteau
Et pour épater les clampins
J’suis prête à massacrer Chopin


Puis la petite se déchaîne en improvisions mozartiennes et la voix gronde d’une haine destructrice. Les longs cheveux dans le dos et la robe de percale blanc cachent en fait l’un des anges de l’apocalypse:

Je jouerai pour vos faux prophètes
Et je jouerai pour vos défaites
Je jouerai pour vos dictateurs
Je jouerai quand vous aurez peur
Car on a besoin de virtuoses
A l’heure ou la bombe H explose
Et déchaînant mes sentiments
Je jouerai pour vos enterrements


Apres avoir susurré plusieurs textes intimistes (dont Les Timides, Papier Buvard, La Joconde), Juliette nous donne un autre grand moment de folie avec une bourrée/musette surréaliste aux accents d’Erik Satie: Tout est bon dans le cochon. Elle y déchaîne simultanément ses talents pianistiques et comiques (ce qui va tout de même assez rarement ensemble, il faut l’admettre), un peu comme quand Coluche jouait du violon avec des gants de boxe.

Désormais je veux chanter l’cochon
Le pâté, l’saucisson
Répétons sur cet air polisson
« Qui c’est qu’est bon ?
Ben, c’est l’cochon »


Paroles inoubliables, cette ode à la charcuterie prend des accents philosophiques (‘philosophique de base’ précise Juliette entre deux couplets) :

En ces temps d’régime allégé
La résistance
Passe par le gobage effréné
D’rillettes du Mans
C’est une drogue, une friandise
A un tel point
Qu’on en planque dans les valises
Comme Jean Gabin


Juliette et Didier s’amusent comme cochons en foire. La chanson se termine en un délire potache. On refait la coda, pour avoir un truc plus comme-il-faut (enregistrement salle Gaveau, rappelons-le…) et re-délire total.

Mutatis Mutandis (2005)

Mutatis Mutandis (ce qui devait changer ayant été changé) est le dernier en date des albums de Juliette. La patronne ne se contente pas de faire de grandes chansons (ici pour la première fois elle a aussi écrit toutes les paroles), elle les assemble en donnant une unité de couleur et de thème à chacun de ses albums. Rimes Féminines est une ode aux femmes et à la féminité ; la dominante, le fil rouge de Mutatis Mutandis, un disque plus sombre et plus inquiétant, c’est l’érudition latine, les mythes et les sonorités orientales, méditerranéennes.

La chanson éponyme nous parle de magie et de décadence.

Du temps que j’étais belle
Et bien un peu puérile
Je transformais les hommes en animaux
O combien de marins O combien d’imbéciles
J’ai changé en pourceaux
Mon nom vous parle encore
De légendes anciennes
Je m’appelle Circé
Et je suis Magicienne


Mutatis Mutandis
Ici je veux un groin
Un jambon pour la cuisse
Et qu’il te pousse aux reins
Un curieux appendice
Maintenant je t’impose
La couleur d’une rose
De la tête aux coccyx
Mutatis Mutandis


L’Incantation magique de Circé change ensuite de nature ; les hommes sont irrécupérables et le cochon – animal sympathique - est encore trop bon pour les eux ; pour hâter la fin du monde, Circé va donc nous pousser du coté des rongeurs et des charognards.

Mutatis Mutandis
Ici je veux des dents
Que ton poil se hérisse
Qu’il coule dans ton sang
La fureur et le vice

Mutatis Mutandis
Que brûle dans ton cœur
La haine et l’avarice
Et prend du prédateur
La sinistre pelisse
Sois aveugle et sois sourd
Et mène au sacrifice
La pitié, et l’amour


Dans Maudite Clochette, une soubrette modèle nous conte son sale métier dans les beaux quartiers et comment elle finira bien pour couper la tête à sa patronne.
Ambiance plus légère, Le Congres des Chérubins est une charmante comptine sur la réunion annuelle du syndicat des puttini, fesses a l'air et joues rebondies. Enfin deux beaux duos, l’un avec Guillaume Depardieu, l’autre comique avec son alter ego bourvillesque, François Morel (Mémère dans les orties).

1 mai 2007

today in the UK

Yes, yes, yes, bloody Chelsea down, tasting the bitter taste of defeat, three days after losing the Premiereship! That is goood. Reds prevail again, even if Blues were better. So much for the special one. But cheer up José, you'll never walk alone.

Other today in the news: this year's top 10 rich list from Sunday Times. Only two British born in top 10. The duke of Westminster ranks three, just because he inherited large bits of central london that Russian Mafia happens to fancy (Mayfair, Belgravia). Talking of which, Abramowitch, grumpy thirty-something and 10 billion pounds worth, owner of losing Chelsea danseuse side, is only number two. Oh by the way, his former wife enters top 500 with about £250m. Number one is Lakchmi Mittal the steel tycoon, with £20bn, well done mate. I like number six, who's a Iran-born Jew specialising in Islamic art. Branson screw-it-let's-do-it is only number 11. The Queen is not making top 10! My Goodness.