13 janvier 2008

ballade à Hampstead

Ballade guidée avec Eric le surveillant général du Lycée français de South-Kensington, londonien ‘depuis 34 ans’ passionné d’anecdotes gothiques sur Londres, de cimetières, de fantômes, de Jack l’éventreur, de Dickens etc.

(29 mars 2007 – beau temps, terrain sec, vent frais)

Small hill between Hampstead tube station and Hampstead Heath park. Quartier historique et pittoresque. La liste des célébrités ayant vécu à Hampstead fait deux pages sur Wikipedia et la liste de people vivants est tout aussi longue. Je ne mentionne ci dessous que les gens qu’Eric nous a mentionné pendant la ballade sur la colline du vieux Hampstead. C’est un peu le Montmartre de Londres par le coté village bucolique et tranquille mais sans le Disneyland attrape-couillon de la place du Tertre et du Sacré Cœur qui polluent le haut de la butte.

Ici ce n’est pas les gigantesques baraques géorgiennes de Chelsea, trustées par les milliardaires russes – c’est plus modestement des petites maisons bicentenaires, hupchissimes, habitées par des artistes, des écrivains, des hommes politiques - et qui valent sans doute presque autant que les demeures de Chelsea. Souvent des maisons semi-détachées de style géorgien ou victorien. Parfois de petite maisons isolées de style cottage rural. Eric nous montre la plus vieille de toute, une ancienne fermette de 1734.

On part du métro Hampstead. Je ne note pas les noms de rues mais je saurais retrouver l’itinéraire si il y a des amateurs de refaire la ballade (une heure suffit). Maison de Bram Stoker. Maison de Lord Alfred Douglas, le jeune amant d’Oscar Wilde qui le trahit de façon ignoble après le procès de Wilde (voir le tragique De Profundis).

Saint John's Church Yard sur Church Row. Ancien cimetière, petit jardin romantique. Tombe de John Constable, qui peignit le ciel vu des collines d’Hampstead. Petit tombeau romantique qui inspira à Bram Stoker, un soir de brume, toute l’histoire de Dracula (scène de la dévampirisation de Lucy par Van Hessling). On aperçoit une petite maison au toit vert, ou naquit Elizabeth Taylor, avant que son père modeste acteur anglais, parte à Hollywood pour jouer dans Lassie.

De l’autre coté de la rue, nouveau cimetière, un peu plus récent. Tombeau de la famille Busson du Maurier. George du Maurier (1834-1896), d’origine normande et cornouaillaise, fut un très populaire dessinateur dans les journaux illustrés de la fin du XIXème (magazine ‘Punch’). A plus de cinquante ans, il écrivit son premier roman Trilby qui contre toute attente fut un phénoménal succès de librairie, au grand plaisir (quoique mitigé de jalousie) de son meilleur ami Henry James. Leur magnifique amitié est racontée de façon très émouvante dans Author, Author de David Lodge. Son fils Gerald du Maurier fut un grand acteur et le père de Daphné du Maurier. La fille de George, Sylvia, épousa Sir Llewllyn Davis qui mourut en laissant cinq garçons. Le dramaturge John Barry prit la mère et les enfants en affection et adopta les cinq garçons à la mort de leur mère ; c’est durant leurs jeux à Hyde Park qu’il eut l’idée de Peter Pan (raconté dans le mélo Neverland avec Kate Winslet and Johnny Depp). Quatre des cinq garçons sont aussi enterrés là. Famille tragique : un tué à la guerre, deux suicidés. Le cinquième vient de mourir dans l’anonymat, à 99 ans.

D’autres tombes d’acteurs et d’écrivains. Par exemple Kate Kendall, jeune première des années 50 disparue prématurément.

On remonte une rue longeant le cimetière où l’on croise une minuscule église catholique de style espagnol, avec sainte vierge en albâtre, fondée par des aristocrates français fuyant la révolution. De Gaulle qui habita en bas de la rue de 1940 à 1942 et venait prier ici.

Puis on arrive tout en haut de la colline sur une espece de place on longe l’énorme bâtisse qui fut un asile d’aliéné, puis un hospice, pour finir aujourd’hui en appartements de grand luxe. Grande maison-musée d’un dénommé Fenton, marchand importateur de produits russes. Maisons ou vécurent Laurence Olivier, George Orwell, Robert Louis Stevenson. Le minuscule théâtre de Hampstead ou se trouvait autrefois la morgue locale dont la visite (et la pratique des drogues dures) inspira à Stevenson Dr Jeckyll and Mister Hyde.

Deux chouettes faits divers sanglants : devant le pub Magdala, qui a tout d’un pub rural, Ruth Ellis propriétaire de night-club et mère célibataire de deux enfants tua son amant, playboy et pilote automobile 'people', en lui vidant un chargeur dans le corps avant de se laisser arrêter sur place. Elle fut condamnée à mort et la dernière femme pendue au UK, en 1955.

De l’autre coté de la rue, un français, évadé de Cayenne, tenait un pub maison de passe dans les années 20, avec son associée maquerelle, française elle aussi. Un jour il la tua, la découpa et la mis dans une malle a destination de Marseille. La malle fut interceptée et on trouva la carte de visite du français. Condamné à mort, on lui laissa le choix entre la pendaison et le retour à Cayenne ; il choisit la pendaison. La presse anglaise salua le panache gallique de ce choix.