26 décembre 2007

Oscar Peterson


Oscar Peterson died two days ago. He was a great pianist but not a major jazz genius. He was and remained a typical be-bop piano player, like a living fossil of the 50's well into the 1990's. He was less of a virtuoso than Bud Powell (let alone Art Tatum), displayed less harmonic and rythmic innovation than McCoy Tyner or Thelonious Monk, less colour and subtlety than Bill Evans etc.

The reason I like him is mostly his sensitivity as an accompanist and because he has been associated with some of the greatest moments of jazz. I can think of at least three series of old-fashion standards recordings that I love, with Peterson at the piano:
- The Verve recordings of 'Ella and Louis' produced by Norman Granz
- The most heartbreaking and beautiful version of 'Love for Sale' by Billie Holiday, with the lightest touch of Peterson in the background
- The recordings with Niels-Henning Orsted Pedersen and Stephane Grappelli

Besides Peterson was a nice decent man. How come fat old black jazzmen are always nice decent men, while most pop stars are stupid nasty anorexic bitches?

18 novembre 2007

premier league - Arsenal a passé le test


Premier bilan de la saison de Premier League après 12 journées.
Arsenal est leader, 9 victoires, 3 nuls, 0 défaite. 30 points. ManU a aussi 30 points et la même goal difference mais eux buts de moins et un match en plus (une défaite contre City). Arsenal poursuit sa meilleure série d’invincibilité avec 26 matchs sans défaites, toutes compétitions confondues, depuis le mois d’avril. Même pendant la ‘unbeaten season’ du championnat 2003-2004 les défaites en coupes avaient émaillé le parcours.

Personne n’aurait misé sur un tel début de saison d’Arsenal (logique 4ème les deux dernières saisons), après le départ d’Henry pendant l’été et l’absence de recrutements majeurs. Mais comme dans les contes de fées et les fables morales, l’investissement austère effectué depuis trois ans par Wenger en privilégiant les très jeunes joueurs au détriment de l’efficacité immédiate, est en train de payer. A l’inverse le méchant milliardaire russe mafieux a comme prévu finit par briser son beau jouet londonien en virant Mourinho - l’homme aux six trophées en 3 saisons - après seulement quelques journées. Au passage, Abramovitch n’a pas été chien : Mourinho a eu droit au plus gros parachute doré de l’histoire du sport, quelque chose comme 20 millions de livres, digne d’un PDG du CAC 40. Le travail, la persévérance, la jeunesse et la frugalité récompensées, tandis que l’argent sale, l’arrogance, les stars et les danseuses vont dans le mur ; c’est un peu trop beau mais ca ressemble pourtant à ça. C’est une mauvaise nouvelle pour l’excellence et le folklore de la Premier League mais une très bonne nouvelle pour les adversaires de Chelsea. Avram Grant fait un parcours très honorable pour l’instant mais personne ne croit qu’il réussira à maintenir la cohésion et la motivation au sein d’une équipe de stars.

Pour revenir à Arsenal, d’aucun disent que le départ d’Henry a libéré certains joueurs. C’est sans doute vrai pour Adébayor, mais je crois tout simplement que plusieurs joueurs déjà très prometteurs sont tout simplement arrivé à maturité technique et physique cette saison.

On se disait après 10 journées « Arsenal a un calendrier facile, n’a joué aucun des autres ‘top four’ et mange son pain blanc ». C’est pourquoi on attendait avec inquiétude les grands deux tests consécutifs, Liverpool à Anfield et Manchester à domicile, avant de se prononcer sur les chances de titre. Résultat : nul à Liverpool, nul contre Manchester. Deux points seulement sur six, et paradoxalement je pense que le test est passé avec succès.

A Liverpool : après un début nerveux et un but un peu stupide (coup franc de Gerrard a travers un mur qui se désagrège), Arsenal a clairement dominé le match, touché deux fois la barre en deuxième mi-temps. Fabregas a fini par marquer sur une passe dans l’intervalle de Hleb. Dans les interviews d’après match, Rafa Benitez et Wenger se contentaient visiblement du nul, mais pas Fabregas. Bon résultat donc, mais un peu malchanceux de ne pas prendre trois points.

Le classico contre Manchester (que j’ai vu au Bowler à Paris) a tenu toutes ses promesses. Liverpool était une équipe en plein doute mais contre un Manchester au complet et en grande forme (sortant de 8 victoires consécutives et ayant marqué 4 buts à chaque fois au cours de 4 derniers matchs) on pouvait se faire du mauvais sang. Les gamins allaient-il tenir contre les vieux routiers (Giggs, Ferdinand) et les superstars (Ronaldo, Rooney). Une première mi-temps assez fermée, une domination territoriale stérile d’Arsenal avec une seule occasion franche de Gallas d’un coté, tandis que Rooney marque sur un ricochet malchanceux de Gallas encore (je crois qu’officiellement c’est un own goal). Egalisation de Fabregas en tout début de seconde mi-temps et puis Arsenal n’arrive pas concrétiser la bonne période qui s’ensuit. Et Manchester reprend progressivement l’initiative. La faiblesse de notre banc et le coaching ont joué en notre défaveur en fin de match. Saha d'un coté - Walcott de l'autre. C'est là qu'il nous a manqué de la profondeur de banc et la puissance d'un Van Persie (blessé). Deuxième but de ManU à 8 minutes du terme, sur une sortie très hasardeuse de Almunia. Enfin l’égalisation d’Arsenal dans les arrêts de jeu a semble-t-il foutu un gros coup au moral de ManU - ils se voyaient déjà champions... Au final le match nul est équitable mais l'expérience des vieux briscards de ManU ne leur a pas permis de garder leur avance, et la résilience d'Arsenal leur donnera un avantage moral pour la suite de la saison.

Deux points en deux matchs seulement donc, mais deux victoires mentales : à Liverpool car la qualité était clairement du coté d’Arsenal ; et contre ManU car si les deux équipes ont fait jeu égal, les gunners sont revenus deux fois au score et ont eu le dernier mot.

Je pense que ManU est toujours objectivement favori, ils sont plus solides, plus expérimentés, possèdent deux super-stars au sommet de leur art, et un banc luxueux (Saha, Nani…) en cas de blessure des titulaires.

Adébayor, Hleb, Clichy et Gallas sont des satisfactions majeures cette saison mais beaucoup trop repose sur Fabregas et on ne peut pas compter qu’il continue de TOUT faire aussi magistralement pendant toute la saison sans blessure: récupérer, passer, marquer. Il est un peu Deschamps, Platini et Henry tout à la fois.. Je pense qu’on a jamais vu, à cet âge, un joueur aussi mature, aussi complet, aussi intelligent. Son extraodinaire vision du jeu lui permet de récuperer beaucoup de ballon, mais j’aimerais qu’il défende un peu moins, qu’il s’économise, ce n’est pas à lui de donner et de prendre des coups et des cartons (5 jaunes en 11 matchs) ; il arrive même, malgré son gabarit modeste, a gagner ses duels contre des joueurs deux fois lourds. En attaque il a déjà marqué 7 buts cette saison y compris quelques gros tirs de 20-25 mètres (Tottenham) normalement hors de portée d’un poids léger.

Il nous faudrait du renfort en attaque au mercato pour passer l'hiver au chaud - la CAN qui va nous priver Eboué et Touré (mais pas d’Adebayor car Teun vient de m’apprendre que le Togo n’est pas qualifié). J'espère qu’Arsene va se laisser convaincre cette année, de faire quelques emplettes – mais sans trop y croire. Autre sujet d’inquiétude, la prestation faible d’Almunia contre Manchester, tandis que Lehmann, évincé depuis les deux énormes bourdes des deux premiers matchs, menace de partir au mercato. Il vaudrait mieux qu’il parte, d’ailleurs, vu l’état d’esprit qui est le sien depuis trois mois.

28 octobre 2007

anti-social behaviour (ASB)

En Angleterre, ‘comportement anti-social’ (anti-social behaviour, ASB) est un terme employé par toute la classe politique britannique et par les autorités. Il a été introduit je crois par le Labour sous Blair et aujourd’hui les trois grands partis prétendent tous ‘tackle crime and anti-social behaviour’.
Entendre ou lire ce terme me surprend toujours après deux ans en Angleterre car il serait inimaginable en France. Signe que la pensée politique française est toujours immature sur ce sujet, nous n’avons de terme qui soit ‘politiquement correct’ c'est-à-dire factuel, neutre, utilisé par tous, pour désigner ces comportements agressifs récurrents qui, sans constituer vraiment des délits, affectent terriblement la vie des habitants d’un quartier (incivilités, intimidations, chiens, alcools, bruit, vandalisme etc) créant le sentiment d'insécurité. Ces comportements ont en commun d’être également difficiles à traiter par la police, le code pénal et les services sociaux. En français, ‘incivilité’ est vague, suranné, faible, et ‘petite délinquance’ ne rend pas compte des actes de désordre gratuits. Chez nous, pour désigner les ASB, la droite se sent obligée d’employer des mots polémiques (racaille, karcher etc) tandis que la gauche a toujours du mal à sortir de l’idée que ces comportements sont la conséquence sociologique de la pauvreté et que leurs auteurs doivent être traités avec indulgence. Même la personnalité la plus décomplexée de la gauche, Chevènement, utilisait un terme amusant mais trop paternaliste (les ‘sauvageons’) par rapport à la réalité subie par les victimes des ASB. Je trouve désesperant que les socialistes aient à un certain moment abandonné l'électorat populaire de banlieue à la droite et à l'extreme droite en refusant de traiter avec vigueur les ASB, qui touchent pourtant d'abord et avant tout les gens les plus fragiles (les pauvres, les vieux, les femmes, etc).

Je suis sur que si quelqu’un employait le terme ‘anti-social’ en France, il provoquerait une levée de boucliers parce que le terme serait associé à la diabolisation de mai 68 (assumé désormais officiellement par la droite).
Nommer, définir et qualifier juridiquement un phénomène social est une condition nécessaire, mais non suffisante pour le traiter, mais c’est un début. Les anglais ont mis en place les anti-social behaviour orders (ASBOs) des jugements qui avertissent officiellement le responsable. Toute récidive à la suite d’un ASBO devient automatiquement un délit. 80% des anglais approuvent le principe des ASBOs mais seulement 39% pensent qu’ils sont dissuasifs. Les petits voyous vont en effet souvent considérer un ASBO comme un 'badge of honour'…

'Curb your enthusiasm' by Larry David

Curb started in 2000 on HBO. Five seasons have already been shot. Season six started in September 2007. It is a mocked-autobiographic comedy series about the rich and acclaimed co-creator of Seinfeld, Larry David, in his late fifties, living comfortably in LA, leading a semi-retired and essentially idle life, wandering with his lazy weirdo friends, and the odd celebrity.

Curb develops some of the recurrent themes of Seinfeld: the bitter irony of daily life, embarrassing situations, social blunders, the little moral dilemma. Like in Seinfeld the plots are beautifully knitted so that two or three sub-plots collide perfectly in the last scene. ‘Boire le calice jusqu’a la lie’ is the French expression when already in a humiliating situation something happens to make it even worse. It’s the negative version of ‘the icing on the cake’ and it’s what usually happens to the Larry character at the end of each episode. The show makes a point of the moral non-sense of life: sometimes Larry plays nasty and pays the price, sometimes he gets away with it; sometimes he even tries to be good and deadly coincidences lead to a catastrophic outcome for which he is to be blamed.

Because it’s HBO, the format is more cutting edge than Seinfeld: real location filming with hand-held cameras, a crude look and editing, no canned-laughs to ease the embarrasment, very few written dialogues and a visibly a lot of (brilliant) improvisation (‘retroscripting’) packed with swearing. In one word, an adult series. In addition to Larry playing ‘himself’ and the minimalist ‘cinéma-vérité’ photography and dialogues make the viewer a voyeur of real-life embarrassing situations.

More subversive yet, the themes. Larry David is not afraid to use dodgy and explicit situations (Larry embarrassed by his wife’s pubic hair in his throat…) and politically incorrect themes, making fun of handicapped people, religion, illness and even death: the casual and cynical way with which Larry takes the death of his mother and even exploit it socially. Even more revolutionnary it is a comedy show based on a character that is supposed to be realistic and at the same time not lovable at all: never-happy, unfair, selfish, rude, susceptible, jealous, you name it.

The only reason why ‘Larry’ may be sympathetic to us is because he is a street-wise, working class guy in a rich neighborhood. The grumpy New York comedian lost in smiling LA. The Brooklyn Jew lost in a gentile world. Larry reflects our own fear of social exclusion and social blunders.

25 octobre 2007

The Armando Iannucci Show


I have discovered yet another gem of British Television comedy. Armando Ianucci is a Scottish writer and comedian, son of a Naples father. He created and co-wrote the Alan Partridge shows with James Coogan as well as 'The thick of it' political parody; both are awesome. In 2001 he also wrote The Armando Ianucci shows. It is available in DVD. You must have it. It is a kind of mocked documentary on modern life, it is based on outrageous and embarrassing situations, like Alan Partridge, but goes further in the weird non-sense. It is a much more innovative, even more disturbing, personnal format (no canned laughs eg).

Ianucci himself is playing ‘himself’ in these surreal sketch show. Ianucci has something of Woody Allen and Larry David (Curb your Enthusiasm), physically and in the dark, bonkers-existentialist thoughts, mocked-metaphysical casual chats looking at the camera. Example:

'There are only two things in the world that give us absolute total happiness: one is unwrapping a newly bought DVD; the other is seeing other people fail.'

Absolutely a must of British TV with I guess a drop of remote Scottish humour that somehow seems to connect with the urban Jewish wit of Allen and David.

The official website with sketch clips

14 septembre 2007

Vince's favourite things about London (6) - the Greater London

En 1986, Maggie Thatcher abolit le Grand Londres, alors déjà dirigé par Ken Livingston depuis 1981, pour le remplacer par une confédération de conseils de boroughs (les boroughs sont les 32 super-arrondissements de l’agglomération de Londres, dont Westminster, Islington, Camden, Kensington) et ainsi annihiler une entité puissante et ancrée à gauche.

Avec le retour du Labour dans les années 1999, les travaillistes rétablissent un Greater London englobant environ 7.5 millions d’habitants, avec un maire élu au suffrage direct. ‘Ken le rouge’ pas précisément un ami des blairistes perd les primaires labour mais décide de se présenter en candidat indépendant en 2000. Il gagne mais est exclu du parti travailliste. Il négocie ensuite une ré-intégration chez les travaillistes et remporte de nouveau les élections en 2004.
Je ne suis pas du tout un expert de la politique municipale – je sais juste que sur le sujet des transports, Ken est couillu et va dans le bon sens. La ‘congestion charge’, mesure hyper impopulaire, a eu l’effet escompté, en réduisant la circulation dans le centre. La prochaine étape est peut-être d’éradiquer les 4x4 urbains, ces véhicules de guerre urbaine, ces ‘Kensington Tanks’, insultes au bon sens, au bon gout, à l’environnement.

L’autre sujet c’est le métro. Il y a quelques années, Ken avait été obligé d’accepter le montage ‘partenariat-public-privé (PPP)’ imposé par le chancelier Gordon Brown, ‘Metronet’ chargé de la réfection de quatre ou cinq lignes pour plusieurs milliards de livres. Résultat : conformément aux craintes de Ken, Metronet a déposé le bilan récemment. Ken a jubilé : ‘je vous l’avait bien dit!’ et il a exigé des têtes : ‘To me, they are all dead meat’ en parlant des administrateurs de Métronet. Il exige de voir la mairie reprendre les rennes du projet. Certains accusent la mairie d’avoir saboté Metronet en n’accordant pas les subventions qui étaient prévues, mais beaucoup reconnaissent que Metronet a laissé dériver les couts.

Ces sujets sont ultra complexes, mais au delà des politiques menées, ce que j’aime, ce que j’aimerais voir à Paris, c’est le Grand Londres, par opposition à ce Paris riquiqui, mesquin, calcifié. Un inner Paris fortifié de deux millions d’habitants retranchés derrière le périph, ghetto de vieux bourgeois, petites mémés et petits bobos, et tout autour une mosaïque de communes croupions socialement purifiées, ghettos de riches (ouest et sud-ouest) ou ghettos de pauvres (nord et nord-est). Moi je viens du Val de Marne, à l’est, une des rares banlieues encore socialement mixtes. Résultat : malgré la multiplication des entités superposées et redondantes (région Ile-de-France, départements), il ne semble pas y avoir de politique intégrée des transports et du logement, et certainement pas de péréquation des revenus et des moyens entre les ‘communes’ ultra cossues du sud-ouest et les banlieues tragiquement démunies du nord.

Je pense qu’il faudrait supprimer les départements et les communes de la petite couronne, créer un grand Paris englobant, au moins, le 92, le 93, le 94 – et peut-être le 95 et le 77 dans un deuxième temps. Les actuels arrondissements de l’hypercentre (minuscule) et les petites communes de périphérie fusionneraient pour créer des boroughs de taille plus homogène (disons 200,000 à 400,000 habitants)

Lorsque, très très rarement, quelqu’un ose évoquer un Grand Paris, contre tous les conservatismes locaux, on lui répond que ce serait un déni de démocratie et qu’il faut préserver l’identité de Saint-Maur, de Boulogne et d’Issy les Moulineaux. Mais qu’est-ce qui empêcherait que ces trois communes de plus de 100,000 habitants deviennent le centre d’arrondissements du Grand Paris, qui s’appelleraient Boulogne et Saint Maur, avec leurs maires et leurs conseillers d’arrondissement ? Est-ce que, au sein du Grand Londres, un coin comme Richmond, l’équivalent d’un Saint-Germain en Laye disons, ne conserve pas toute son identité ?

Grand Londres et mixité sociale

Autre chose que j’aime à Londres, c’est la mixité urbaine. Malgré des écarts de revenu obscènes, beaucoup plus importants qu’en France et à Paris, j’ai l’impression que le planning urbain fait que les quartiers riches et pauvres de Londres sont largement interpénétrés, garantissant un minimum de mixité sociale. A Londres on trouve souvent une rue commerçante chic où les appartements ‘victoriens’ de deux pièces se louent 1500 livres par mois, et deux minutes plus loin un petit bloc de HLMs (‘council houses’). Mais pas ou peu de mégas grands ensembles de tours, cette aberration urbanistique de Paris, responsables de beaucoup de maux et sans doute des émeutes de novembre 2005.

Pourquoi et comment cette meilleure répartition du logement social à Londres ? Je soupçonne deux raisons. La première c’est que, grâce au Grand Londres, les conseils de tous les boroughs, y compris les plus chics, sont obligés de consacrer des budgets significatifs au logement social. Il existe il parait une loi dans ce sens en France, mais des communes comme Neuilly seront toujours prêtes à payer n’importe quelle amende administrative plutôt que de bâtir des HLM qui ferait baisser la valeur des ‘biens’ privés autour. La deuxième raison est historique : les ravages causés par la deuxième guerre mondiale. A l’emplacement des immeubles détruits, on a construit des immeubles sociaux bon marché dès la fin de la guerre, pour loger les migrants venus de toute l’Angleterre pour travailler à Londres.

Pretty Paris v. casual London

C’est aussi l’une des causes d’un autre truc qui me plait à Londres. Je ne trouve pas de mot français, alors je dirais son coté ‘casual’. Paris est magnifique, pittoresque, sublime, majestueux ; Paris est pretty. La moindre pierre est moyenâgeux ou haussmannien, les rues sont propres, la nuit toutes les vieilles pierres sont luxueusement éclairées etc. Londres par contre n’a jamais eu de Baron Haussmann ou de monarque avec des idées urbanistiques, et pour finir les ravages de la guerre l’on obligé à se reconstruire en grande partie ; alors il n’y a aucun unité architecturale, tout n’est pas toujours beau, surtout si on n’aime pas trop le béton (Barbican, National Theatre, National Film Theatre etc), mais au moins il n’y a pas de vaches sacrées et la ville donne l’impression de vivre, alors que Paris – c’est une évidence – est en voie de momification (disneyisation, venisification…) rapide. Alors oui bien sur, Paris est plus beau pas l’ombre d’un doute, c’est super à visiter, mais ce narcissisme chic finit par lasser et par agacer quand on y habite.

9 septembre 2007

Clément's favourite things about London

Clément's top 10 things about London

1. international scene and world outlook: people, business, culture etc.
2. (international) restaurants : Thai, Persian, Indian, Chinese, Italian, etc.
3. Arsene Wenger and Arsenal
4. Theatre
5. Cheap flights to Europe...
6. The parks
7. The BBC
8. English sports writers' sense of humour (don't they need it)
9. The weather ...
10. it's a draw: Jose Mourinho and Polonium 110

8 septembre 2007

Vince's good things about London (4): Parks

In Paris we have half a dozen tiny parks in the centre. Until recently they had little grass space and it was forbidden to sit on the grass. Parks are basically places for grannies and nannies, with flowers beads you could only contemplate from afar. It is a bit better now that you are allowed to sit down and picnic in Paris’ gardens but it remains they are ridiculously small compared to those of London.

Just to take Central London we have Hyde Park, Regent Park, Battersea Park, Victoria Park, Hampstead Heath…at least five enormous and casual parks. And tens of smaller one like my local Highbury Fields. In the middle of the big ones, one can barely see or hear the city outside. And the centre of Hyde Park is, like some parts of New York’s Central Park, quite wild.

And there is a park culture. As soon as the temperature hits, say, twenty three degrees (ie four or five week-ens a year), Londoners of all ages immediately improvise picnics, and don't move from there for the whole week-end. Groups gather until late. Girls play football ; Indians play cricket. People borrow tire-corkscrews to neighbours. People drink white wine in glass glasses, sometimes moderately. It is really really nice.

Vince's good things about London (3): urban wildlife

Jean-Christophe has it in his top ten and I agree.

He mentions rightly foxes, herons on the Thames, and ‘funny ducks’ (here I believe he means coots) ; indeed I saw herons on the Regents Canal in the middle of Camden ; and there are pelicans in St James' park. Better than the filthy pigeons of Paris, huh? By the way there was a famous video on YouTube, showing a London pelican killing and eating a pigeon.

I mentioned foxes in a paper already, and let’s not forget squirrels. Yes it is a guilty taste to like fluffy disneyesques creatures but come on again it is better than the filthy granny dogs that are all over the place in Paris. Of course there are as many squirrels in New York, Montreal or even Madrid, just to mention a few capitals. I once wrote to the department of parks in Paris to ask, candidly how come there are no squirrels at all in Paris’ parks? I received no answer. Good transition to my next topic on the list, parks.

Vince's good things about London (2): telly

It is a cliché that I believe is true: British television is the best in the world. And in more than one way. The production industry is the most creative. Broadcasters are the most innovative in terms of programme commissioning, in terms of technology, in terms of business models. When like me one works in the television/media industry, it’s one the best place to be. This is where satellite television began, and where later digital terrestrial television started (as early as 1998). Freeview is the model for free-to-view digital television. UK has one of the highest penetration for digital TV in the world. BskyB, whether you like the Murdoch family or not, has been simply brilliant in building its pay TV empire from scratch, killing incompetent cable lords ; they are bloody marketing geniuses. Technology? UK is where interactive television, high definition, everything was pioneered first in European television industry.

But let's focus on programmes. The gap with France is awe striking. In France I was pretty much using my TV as a monitor for DVDs. Here, almost every evening, be it on the BBC or Channel Four, you can watch something challenging, new, brilliant. Let’s take three examples: news, comedy, documentary.

In news, it’s in-your-face and right-to-the-point. When French anchormen shamelessly flatter the president every 14-July, Jeremy Paxman notoriously asked 14 times the same question to a minister – he was not being rude; he was simply unsatisfied by the answer he was receiving. France Televisions decided to remove its reporters from Iraq because risks were too high; such an issue would simply be unimaginable in British press. No-one is obliged to go to war theatres but everyone feels that is what it takes to be a reporter.

There is an entire television genre that is nearly non-existent – or pathetic - in French television, which has by contrast a long tradition of support and excellence in Britain: Comedy.

In France what? Some good stuff on Canal+ twenty years ago, period. Today what? Camera Café and Kamelott are just about okay but to be honest we never even really tried.
Just compare with British hall of fame (just the ones I know of – I am sure there are plenty of other):
- The Monty Python Flying Circus simply revolutionised humour and television (1969-1974)
- Fawlty Towers by John Cleese in 1975
- Blackadder, by Ben Elton, Richard Curtis and Rowan Atkinson (1983-1989)
- A bit of Laurie and Fry, by Hugh Laurie and Stephen Fry (1989-1995)
- Absolutely Fabulous, by Jennifer Saunders and Joanna Lumley (1992-2004)

And to focus on recent or running shows:

- Peep Show by Mitchell and Webb since 2003 on Channel 4,
- The Smoking Room by Brian Dooley in 2004-2006 on BBC Three,
- Kombat Opera Presents on BBC Two.

So many gems in history and up to this day. In France, writers still basically despise television and broadcasters despise viewers. In Britain, the best comedians and the best writers have been working for television for 30 years, and they have been given near total freedom to experiment the dodgiest, craziest storytelling formats.

Of course they have had Benny Hill or today Little Britain and its toilet humour. Catherine Tate is one gifted comedian if not doing a very innovative show. Roman's Empire may be so mad and weird that you simply lose interest in the plot and the characters, which is a problem in a sitcom comedy. But The Office by Ricky Gervais and I’m Allan Partridge by Armando Iannucci and Steve Coogan, are two examples of out-of-this-world, innovative formats, based on cruelty, embarrassing taste and a very sick, very British sense of humour. The Office seems soo British in fact, and yet it was adapted for American TV, and became a critic and popular hit there too. Canal Plus adapted The Office in France too, I don’t know if it was any good. Is there one French format that ever became popular abroad – apart from, allegedly, Helene et les garcons 20 years ago in Russia?

Documentary. Well here OK, French production is okay, partly because it is heavily subsidised. But again, Brit programmes are more ambitious and more innovative. They invented and developed the docu drama, that has rejuvenated the whole genre. They are always at the world top in popular science; history and natural history documentary. Planet Earth, the most ambitious, most expensive and most awesome series ever was funded by the BBC, Japanese NHK and Discovery… and made by Brits. Coasts is great. And on a lower key, every other day, you come across remarkable factual programmes on the remotest subjects.

France does intellectual programmes for the elite (ARTE)and boring rubbish for the rest. UK does intelligent entertainment for the masses. One reason is very well known: because France Televisions has to rely on advertising revenues for about a third of its revenues, it feels obliged to compete with commercial broadcasters TF1 and M6. The BBC, by contrast, has never carried, and will never carry any advertising (on TV or radio by the way), and the much-loved beeb is entirely funded by the licence fee, that is about twice what it is in France. (Channel Four does lives on advertising but it is State-owned and therefore does not have to make profits and pay dividends and can develop long term programming strategy).

As a result, France 2’s schedule is always competing directly with that of TF1 and always losing in audience terms (the 20h news), and doing more of the same, always. The BBC does not NEED to do high audiences, so they do what they honestly feel is good, new, interesting, in every genre ; and guess what: they DO excellent audiences.

Vince's good things about London (1): Arsenal

Good things about (North) London : The football Arsène Wenger and Arsenal.

I was living in Paris during the golden years of the ‘French’ Arsenal, with Wenger and his dream team of Henry-Pires-Viera-Bergkamp. It became the favourite team of many French, and certainly mine. In a European tie against Paris or Marseille (which I despise equally) I would have supported Arsenal without hesitation. The best French players, a beautiful game, it was easy to love Arsenal; even non-French and neutral football lovers recognized it was playing one of the most beautiful football ever. And they were not only stylish: the ‘unbeaten’ season 2003-2004 (38 games, no defeat) remains a feat that no other team has ever made in Europe’s major leagues in a century. Fever Pitch, the funny and lovable book by Nick Hornby, our local Holloway writer, and a self-confessed pathological Arsenal supporter, had made me realise what an institution Arsenal is in North London, long before the coming of Arsenal. Then, long before reaching his 10th year as a coach (1996-2006), Arsene Wenger had already become the greatest manager in more than a century of Arsenal history.

Living in Islington, was clearly a good option I moved to London to work in Camden Town, but surely the perspective of being at the heart of Arsenal’s borough played a role. I now live less than a mile away from the Stadium - and Jean-Christophe less than half a mile.

Of course, sadly, Arsenal has gone through bitter seasons since I have come to Islington: all the great players of the golden years have gone and no trophies were won during the 2005-2006 and the 2006-2007 seasons. One could blame Wenger and the club to have somehow sacrificed these two seasons, focusing on developing young talents without enough experienced players to claim silverware in the short term (we have become magnificent losers these days); but one thing I admire a lot is the respect and loyalty of English fans, of Arsenal fans, and that of neutral football analysts towards a man like Wenger. Paris and Marseille, to pick the most obvious French failures, have always been pathetically managed, and when they happened to put their fingers on good men they could never recognize them and keep them ; Paris and Marseille supporters are disgustingly prone to burn their idols and shout at yesterday’s hero. Not the English supporter, certainly not the Arsenal supporter. Arsenal and David Dein consistently put faith in Wenger. The respect for Wenger and Arsenal, even when we do not win, makes me proud to be French and Islingtonian; when I was living in Paris, PSG made me ashamed of being Parisian. Mick the man-with-a-van, of Cypriot ascent, born in Islington, always call him Mister Wenger. It is amazing and emotional to see the respect that Wenger has created in merely ten years in this city.

One thing I like with Arsenal and English football in general, is the public. I have been to some PSG games, everybody knows it is not a pretty sight neither on the pitch nor in the stadium or outside the stadium (god, even the stadium itself is ugly too). The Arsenal public by contrast consist of couples, families, ordinary folks. PSG: a bunch a fashion-media-business VIPs, a lot of racist resentful male lumpenproletariat who come not to support their team but to assault the ‘others’ ; Arsenal supporters going up Upper Street on match days? groups of middle-aged couples in red and white shirt, grandfather-father-and-son, two twenty-something-girls, husbbands and wives. Going to the historic Highbury stadium (1904-2006) alongwith Teun Draiasma during their last season there felt like a pilgrimmage and an immense emotion for me.

Finally, it’s not only Arsenal, it’s English football; it’s the genuine passion for football in this country ; it’s the other big teams with their century-long traditions and highly charismatic coaches (sir Alex, the villain José) ; it’s the fact that nearly everybody loves football and supports a team.

Take my small company based in Camden, North London. We have three Arsenal supporters, two Tottenham supporters, two Liverpool supporters (including a 22-years-old pretty young woman), one Charlton supporter (our Chief Analyst), one QPR supporter, one Newcastle supporter. Oh and one Manchester City supporter. Thank god no Chelsea or ManU fans (unless they are hiding in the closet). Sometimes it’s too much. I find myself reading all papers starting by the end – the last 20 pages of every paper are dedicated to sports, of which at least ten to football, every single day. Sometimes I am fed up with the tenth article on Wayne Rooney’s latest injury, but generally – and Clément is very right to point that out – football commentators in the press or on TV are ways better than their French colleagues. In England the aristocracy of journalists dedicate to the beautiful game, they are stars, they earn plenty. And football on television? You remember how pathetic was the late 'Telefoot'? How our generation had to bear Thierry Roland and his nerdy git colleagues to have glimpses of the championnat, every Sunday morning? Well, here we have 'Match of the Day', one of many monuments of the BBC. Every saturday and sunday nights, after a kitsch jingle, we have the classy Gary Lineker and his analysts Alan Hansen, Lee Dixon, Alan Shearer, delivering excellent and entertaining comments. That is a good transition with the next topic on my list: television.

Vince's favourite things about London

Vince's favourite things about (living in) London

1. Arsenal
2. The BBC (Beeb and the best telly in the world)
3. The London wildlife (squirrels, duck and foxes)
4. London Parks (and the park culture)
5. Londoners (humour, resilience, global village)
6. The Greater London (as opposed to the Paris ghettos)
7. London Roads (and the civilised driving)
8. London Press
9.The Curzon Soho


Not-so-good things about London

1. Transports (the third-world tube nightmare)
2. Cost of Life
3. Real Estate (the property ladder obsession)
4. Education
5. Binge drinking

2 septembre 2007

JC's favourite things about London

First thank you to Vince for inviting me as guest blogger!

Brits love to do lists, or at least newspapers and magazine do, which is probably an easy way to fill space. Time out themes almost every issue on some list or another (the last one "name and shame" - a favourite local sport - of places that have let London down.

I go back to basics by listing my 10 favourite things London:

1. The
National Theater, its plays, its terrace and the South Bank
2.
Arsenal and Arsene
3. Low rise buildings and seeing the sky without twisting my neck
4. The
Serpentine gallery annual pavilion
5.
Foxes in the streets, Herons on the Thames and funny ducks (up for adoption) in parks
6. Ethnic food (including French cuisine and groceries)
7. The
Barbican
8. Free museums (thank you
Labour)
9. The
National Film Theater10. Queuing at bus stops: here and here.

Next time, I will list my 10 top things I regret not having done yet London. Not going to the proms will probably be there.

'Freakonomics' by Steven Levitt

A best seller in the UK, this American book by young economist Steven Levitt is quite entertaining. No big picture theory on inflation, growth or trade – Levitt is much more into micro-economics, individual economic behaviour and more specifically, how we respond to incentives. Lots of counter-intuitive outcome from economic anecdotes. Once a kindergarten decided to start charging $2 parents who pick up their kids late, and guess what happened? Well there were more parents coming late. Why that? Because a $2 penalty on top of a $50 monthly fee is too small to be a deterrent AND the penalty freed parents from any sort of embarrassment or guilt – they would not try their best to come on time any more. Carers are paid for the extra time waiting for late parents aren’t they, so why worry? The most ironic bit is that when the fee was finally cancelled, the late rate did not come to what it was previously but grew even higher. Parents had lost the sense of obligation they used to have and now it was without financial consequence anyway. The lesson? Unless you are ready to create significant monetary incentive, keep the moral incentive that works.

The most interesting part is the story of this young student economist who spent years hanging around with a Black drug gang in Chicago for years. Because the local boss was an educated man before turning a thug, the student had serious business discussions with him; ultimately he also accessed the full accountability of the gang for five years. Local gangs in Chicago work like franchises. A ‘Board of Directors’ of 12 big bosses gives the monopolistic licence for crack dealing in a given neighbourhood in exchange of a 30% of revenues. Just like white upper class is mimicking Black ‘gangsta’ looks, real gangsters like to mimic white corporate America. The gang accounting showed that only the local boss makes good money ($150,000 per year) while – contrary to conventional wisdom - the many ‘foot soldiers’ hardly make a living. Far from driving fancy cars, they usually live at their mother’s. And they take enormous risks. One chance out of five to get killed by a rival gang, one chance out of two to go to jail, in a period of five years. So why in the world would you want to become a drug dealer? Simply because you have a chance to become a boss if you are good and lucky. Although the probability to become one is very small and does clearly not the risk, young unqualified boys try their chance, just like pretty Wisconsin farm girls go to Hollywood – nothing rational in it, just an act of faith.

1 septembre 2007

the curious sight of a fox at night-time

At last I spotted my first fox in London.

I say ‘my first fox’ because I understand it is a pretty common sight in the streets of Northern London at night-time.
I have been in London for more than two years now and I had not seen a single one. All my friends had had their glimpse of foxes, and some even saw one when leaving my flat one evening.

So I was frustrated and curious. Recently I saw a TV programme about the ‘tens of thousands’ of foxes estimated to live in London, most of them in the North. It is thought they live in parks and along railtracks, only going out at night to scavenge rubbish, rodents, hens. Londoners have mixed feelings for them. Some – like me – are excited at the idea of wildlife in the city and think foxes are cute ; but many just think foxes are a nuisance. Some animal lovers go fox-spotting at night ; but some exasperated poultry-owners whose hens were savaged by a fox, go and hire pest-controllers to kill the local fox. Yes many Londoners keep hens in their back yards and yes foxes are not a protected species: you are free to shoot one if you spot him in your garden.

So three weeks ago, a bit after midnight, coming back from Highbury and Islington tube station, I spotted in the distance a small animal crossing Station Road. It tought ‘it’s a very big cat’, then ‘oh no it’s a small dog’. Then I realise that was it – a fox, my first sight. Shy, harmless animal with red fur and big tail, wandering the streets for bins. So I guess that makes me more of a true Londoner. Since then I open my eyes wide at night, and yesterday, I spotted number two, just in Offord Road in front of my house. The young, skinny fellow, seemed not afraid nor aggressive and let me approach within three meters (which makes one suspect some people might actually feed them). Then he continued his tour casually, slowly, in the middle of the road.

18 août 2007

Imperium, par Robert Harris

Je vous recommande le nouveau roman historique de Robert Harris, Imperium. C’est, racontée par son esclave/conseiller/scribe Tiro, l’histoire haletante de la première partie de la carrière de Cicéron, l'ascension d’un pauvre avocat de province, pas même noble, jusqu’au sommet de l’Etat. Tiro nous raconte trois épisodes en particulier :

Le procès Verres. En 70, le jeune sénateur Cicéron attaque l'ex gouverneur de Sicile, pourtant soutenu par toute l’aristocratie, défendu par son grand rival du barreau l'avocat Hortensius, dans un procès où le jury était acheté par Verres. L’éloquence de Cicéron et l’amoncellement des preuves de corruption pousse Verres à l’exil avant même le prononcé du jugement. La victoire de Cicéron lui assure une énorme popularité et une place sur le banc des sénateurs patriciens.
Le coup de Pompée. Haï par les sénateurs patriciens, détesté par le millionnaire Crassus, Cicéron pour survivre est obligé de se rallier à Pompée. Il lui assure un Triomphe et lui fait obtenir des pouvoirs militaires extraordinaires pour lutter contre les pirates (les terroristes de l’époque). Cicéron n’aime pas les militaires mais il manigance tout cela, à contrecœur, pour neutraliser ses ennemis et pour devenir Préteur (dernière étape avant la magistrature supreme, Consul). Mais ce faisant, il crée un précédent participant à l’affaiblissement des institutions civiles qui finira par le tuer, lui, et tuer la République vingt ans plus tard.
La campagne pour le poste de Consul en 63. Par un coup de génie, Cicéron réussit à se faire élire consul contre la conjuration et les millions de Catilina, Hybrida et Crassus.

Cicéron est évidemment le good guy de l’histoire. Le démocrate, le pacifiste, l’intellectuel, le réformateur, l'incorruptible. L’underdog devant naviguer constamment entre trois factions également puissantes qui toutes le méprisent et le traitent de 'parvenu' : le parti des aristocrates patriciens (Caton, Catulus, Hortensius, Lucullus, Catilina…), les millionnaires populistes mafieux (Crassus) et les grand généraux toujours un peu putchistes (Pompée, César). Cicéron, lui, n’a ni un grand nom (son père n’était pas noble mais un simple chevalier), ni fortune (seul son mariage avec une fille de patricien lui permet d’emprunter le million de sesterce nécessaire pour se présenter au Sénat), ni la gloire militaire et la loyauté des vétérans, qui assurent un ‘fast track’ vers le sommet.

Face à cela, ses armes à Cicéron étaient d’un genre nouveau : la loi et la voix.

Sa connaissance de la loi et de la jurisprudence en matière judiciaire et constitutionnelle, en cette fin de République, était une arme efficace, car même les politiciens les plus corrompus se sentaient contraints de respecter les nombreuses formes légales et traditions républicaines.

Son éloquence d’un genre nouveau, faisait appel à l’intelligence et à l’humour de l’auditoire, et plus seulement à la rhétorique théâtrale de la génération précédente. Cicéron appliqua avec succès l’éloquence judiciaire et législative à ses campagnes de terrain, à ses discours au peuple. Et pas seulement le petit peuple de Rome. Profitant du fait que le corps électoral en ces années vient d’être étendu à certaines provinces reculées de l’Italie, il n’hésite pas, fait inouï, à partir en campagne électorale dans ces contrées pendant que ses adversaires se livrent à des enchères pour acheter les voix des quartiers et centuries de Rome. Bref Cicéron était le premier politicien moderne. Il n'est pas non plus un idéaliste naif. S'il défend les citoyens de Sicile contre l'infâme Verres, pour se faire un nom, il va ensuite défendre un gouverneur de Gaule tout aussi corrompu que Verres, parce que les circonstances ont changé. Et, comme tout politicien moderne, il passe son temps à faire de alliances et des compromis secrets, bancals, voire dangereux. Mais il reste républicain, c'est à dire démocrate et partisan des voies légales.

Alternant les campagnes électorales et les procès, les conspirations et les coups de théâtre, le récit de Tiro/Harris est le synopsis parfait pour un thriller juridico-politique hollywoodien. Je ne suis pas certain qu’il soit en tout point conforme à la réalité historique ; par exemple je ne suis pas sur que César et Crassus aient été aussi clairement impliqué dans la conspiration de Catilina et la manière dont Cicéron déjoue le complot est probablement romancée.

Very good read. Very easy in English, by the way.
One review by The Guardian

8 juillet 2007

That Pesky rat, by Lauren Child



My favourite living children’s books writer is Lauren Child. What a great name for a children’s writer.

When she was a little blond girl, Lauren’s ambition in life was to wear sunglasses on the back of her head. Now that she has been snowed under so many book prizes, and has earned so much money, the critics-acclaimed and best-selling author can chill out glamourously with sunglasses.

Her graphic style is a stunning patchwork of drawings and collages, somewhere between Quentin Blake and Gustav Klimt.

Her stories are touching and ironic at the same time. They are cute, cruel and filled with dry humour in the great Roald Dahl tradition. Again in the Dahl tradition they definitely take children as intelligent beings.

My favourite Lauren Child story is ‘That Pesky Rat’. It is a wonderful read. A funny touching tale of how a pesky street rat finds home sweet home and become an actual pet. At some point the pesky rat who wish he had a name and an owner, talks a pet shop owner into letting him try his chance. The pet shop owner then suggests he should write a notice to be put in the shop window to advertise himself. Then the rat does it in a very honest way:
Brown rat looking for kindly owner with an interest in cheese. Hobbies include nibbling and chewing. Would like a collar with my name on. Would like a name. Would prefer no baths. Would wear a jumper if pushed. Yours truly, brown rat PS: sorry for the bad paw writing.

Eventually, a nice old gentlemen with poor eyesight misread the ‘r’ for a ‘c’ in ‘rat’ and adopts our pesky rat.

I also love the Clarice Bean character and her family. Clarice, age seven, is the hero of a number of illustrated books with great titles such as ‘Clarice Bean that’s me’, ‘My uncle is a Hunkle’ or ‘I will never ever eat a tomato’. These are wonderful for kids between four and nine. You can read it to them, and then they can read it themselves. Lauren Child also wrote actual novels(with some drawings too) – a great one is ‘Utterly me, Clarice Bean’ for kids between 8 and twelve I would say. It is a child spy book about the love of books.

Lauren Child is a also the mother of Charlie and Lola, popular characters on books and TV; I am not familiar with them and I feel they are for smaller kids.

Anyway the official Lauren Child website is great fun.

26 mai 2007

Fermat's Last Theorem, par Simon Singh


J’ai déjà parlé ici de Big Bang de Simon Singh, voici Fermat’s Last Theorem. Exactement comme dans Big Bang avec la cosmologie, Singh fait un roman policier à suspense avec l’histoire des mathématiques.

Ça démarre vraiment comme une crime story. En 1993 à Cambridge, le mathématicien anglais Andrew Wiles stupéfie le monde en faisant, durant un colloque, au tableau, la démonstration du théorème de Fermat qui échappait à tous les plus grands mathématiciens depuis plus de trois cent ans.

En 1637, le mathématicien toulousain Pierre de Fermat écrivit dans la marge de son examplaire du Arithmetica de Diophante la proposition suivante :

Soit x, y et z trois nombres entiers. Soit n un nombre entier.
Si n est supérieur ou égal à trois, il n’existe pas de solution à l’équation :

z(n)= x(n) + y(n)

Et Fermat ajouta négligemment, en latin, la notation suivante : ‘j’ai trouvé une démonstration magnifique à ce théorème mais je n’ai pas la place de l’écrire ici’. Fermat était comme ça, un génie amateur, dilettante et arrogant. Par tempérament et par nécessité (son emploi de clerc au Parlement de Toulouse), Fermat avait en permanence des intuitions géniales mais ne prenait jamais le temps de les développer ; il jetait juste les bases de ses démonstration et mettait au défi les autres grands mathématiciens – souvent riches et oisifs - de compléter. Il était le McEnroe des maths au XVIIème siècle ; il rendait fous de rage tous ses collègues européens avec qui il correspondait.

La fascination rapidement exercée par le théorème de Fermat, au-delà du milieu des mathématiciens professionnels, provient de l’extrême simplicité de son énoncé (qui suggère intuitivement une démonstration simple elle-aussi), et du défi mystérieux derrière la notation de Fermat (j’ai trouvé la solution mais je ne vous la livrerai pas). Tous les plus grands génies des trois siècles suivants se sont essayé à (re)trouver la solution : Newton, Euler, Gallois, Cauchy, Lamé, Kummer etc. Le problème est devenu encore plus mythique lorsque des mathématiciens amateurs et riches ont commencé à promettre des prix substantiels à qui trouverait le Graal des maths : en 1908 l’allemand Paul Wolfskehl laissa par testament une somme de 100 000 marks (environ 700 000 euros d’aujourd’hui) à qui trouverait une solution dans les cent prochaines années.

La résolution du théorème de Fermat était donc à la fois un exploit sportif, une conquête et une (re)découverte : l’Everest, le Pole Sud, le Saint Graal et le trésor des Incas. Un merveilleux sujet de bouquin. Nous sommes bien dans le domaine du sport, de l’inutile, car la résolution du théorème n’a aucun intérêt scientifique ou mathématique majeur. Il a été prouvé des le XIXème siècle que le théorème était vrai pour la plupart des nombres premiers et, partant, pour pratiquement toutes les valeurs de n. Apres 1945, les ordinateurs ont calculé qu’il était vrai pour des milliards de valeurs de n, mais, bon il restait à démontrer qu’il était vrai pour TOUTE valeur de n.

Le théorème de Fermat est un merveilleux sujet en lui-même mais aussi le prétexte parfait pour une histoire amusante et passionnante de l’arithmétique et de la théorie des nombres en particulier. On y redécouvre beaucoup de propriétés merveilleuses des nombres premiers. Par exemple saviez-vous que Pythagore avait fondé une sorte de secte secrète d’adorateurs des nombres, et qu’il fit mettre à mort un disciple qui avait osé suggérer l’existence de nombres irrationnels (qui ne peuvent s’écrire sous la forme d’une fraction de nombres entiers). On y redécouvre certaines des démonstrations les plus élégantes comme la démonstration par Euclide que la racine de deux est précisément un nombre irrationnel. On se replonge dans l’invention des nombres imaginaires (je me souviens encore de mon émerveillement quand on nous a révélé la solution de x2=1, le nombre imaginaire pur i). Bref le bouquin nous promène depuis les grecs jusqu’aux mathématiciens contemporains pour nous expliquer, étape par étape l’apparition des principaux concepts qui ont conduit à la proposition de Fermat et les principales branches des maths qui ont après lui, essayé de le résoudre. Singh sait raconter avec clarté et divertir le lecteur avec des anecdotes sur la vie des grands génies, comme le tragique et romantique destin d’Evariste Gallois (le James Dean, le Jimmi Hendrix des maths).

Mais revenons à Wiles. Ce jeune type, après deux ans passées reclus à chercher secrètement la solution, accède du jour au lendemain à la gloire des grands découvreurs et des grands sportifs. Il rejoint Bob Beamon et Roald Amundsen. Après son triomphe à Cambridge, Wiles livre un manuscrit de 60 pages aux journaux mathématiques qui affectent, simple routine, une demi-douzaine de mathématiciens de diverses spécialités pour examiner et confirmer la démonstration, étape par étape, avant publication. Et c’est le drame, car l’un d’entre eux découvre une petite faille, un maillon faible dans la logique de Wiles. Wiles admet le problème et pense pouvoir le résoudre en quelques jours, mais il s’avère que la faille est fondamentale et détruit la validité de sa preuve. Tout s’écroule. Mais, comme dans un roman, Wiles se remet au travail avec ses collaborateurs pour contourner le problème et tenter d’atteindre véritablement le sommet de la montagne.

Je ne vous dirai pas ici si Wiles a finalement franchi les derniers mètres et réussi à prouver la conjecture de Fermat, car je ne le savais pas moi-même et le suspense participe évidemment au plaisir du livre.

Mais que Wiles ait trouvé ou non la solution, le mystère demeure : Fermat avait-il vraiment trouvé une solution de son coté ou était-il juste en train de se vanter ?
Disons simplement, qu’étant donné la longueur et la complexité de la démonstration de Wiles, empruntant aux concepts et aux constructions les plus sophistiquées des maths du XXème siècle, il est absolument impossible que Fermat ait développé une démonstration similaire. Il parait aussi à peu près impossible qu’il ait trouvé une autre solution avec les outils rudimentaires de l’arithmétique du XVIIème siècle, et que personne d’autre n’aurait retrouvé après lui. Mais il est tentant et romanesque d’imaginer qu’il a griffonné une solution fulgurante au dos d’un carnet disparu…

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Il faut absolument que vous fassiez lire ce bouquin à vos gamins, à partir de 13-14 ans je dirais. Ce petit bouquin passionnant (et facile en anglais) leur apprendra que les maths c’est de l’art, c’est un jeu, c’est un sport, c’est fun, s’ils n’ont pas eu la chance de tomber sur un prof qui leur a fait aimer les maths.

Un autre bouquin sympa sur les maths à faire lire aux ados, c’est Le Théorème du Perroquet de Denis Guedj, une petite histoire policière à la Pennac qui elle-aussi nous entraîne dans la fascinante histoire des nombres.

Le site Simon Singh

17 mai 2007

josé's clandestine dog

Si José Mourinho n’existait pas il faudrait l’inventer. Cette semaine a vu la plus belle, la plus rocambolesque et la plus bizarre des anecdotes mourinesques depuis trois ans que José nous régale de ses excentricités.

Sur information de quelque indic véto, des flics et des vétos assermentés ont débarqué chez les Mourinho pour inspecter le chien de la famille : un Yorkshire terrier répondant au nom de Gullit. Déjà c’est amusant car on imaginerait plutot José d’un chien plus… viril. Bien que de race anglaise le chien aurait été importé récemment du Portugal par le couple ; il est soupçonné de n’être pas en règle au niveau de la législation sur les transferts, pardon sur la rage. (Malgré l’union européenne et l’arrêt Bosman, les animaux doivent toujours subir une quarantaine sévère avant d’entrer en Angleterre).

Prévenu par son épouse, José a quitté précipitamment la cérémonie Chelsea Best Player of the Year Award pour rappliquer furax dans son 4/4. Lui qui n’hésite jamais à insulter les arbitres et les managers adverses, on imagine assez facilement son attitude vis-à-vis de fonctionnaires vétérinaires qui avaient la prétention de donner un carton rouge à Gullit. Alors que la conversation s’échauffait, le ‘special one’ s’est soudain éclipsé pour passer un coup de fil, emportant le petit animal dans ses bras. Next thing you know, plus la queue d’un Yorkshire dans la maison. On suppose qu’un ami du couple est venu récupérer le chien par une porte dérobée, pour lui éviter la raffle.
José se voit alors prié de venir s’expliquer au poste, pour avoir soustrait un animal délictueux au soin des services sanitaires. José a été entendu ; on a pris son ADN et ses empreintes ; et il a été relâché au bout d’une heure contre versement d’une caution.

Pour avoir introduit subrepticement un joueur, pardon un chien, en Grande-Bretagne, José risque un an de prison et une amende carabinée. Et bien sur toutes les polices du royaume sont aux trousses de l’animal. Rappelons que West Ham risque d’etre rétrogradé cette saison pour avoir importé un joueur argentin avec des papiers pas en règle.

Eh oui José c’est ça l’Angleterre : les gangsters russes et les attaquants ukrainiens sont les bienvenus, mais on envoie des sbires pour traquer les chienchiens étrangers des WAGs (Wifes and Girlfriends).

13 mai 2007

Chirac ou la banalité

Au moment de dire good bye Chirac, quelques commentaires sur le remarquable film de Patrick Rotman. Superbes images d'archives et très bonnes interviews de très proches qui ne mâchent pas leurs mots. Mais je suis moins impressionné par le spin qui consiste a' inventer un 'mystère Chirac'.

Le montage de Rotman essaie de véhiculer l’idée d’un mystère Chirac. Il finit par Seguin disant On arrive presque à cerner Mitterrand avec de l’entraînement, mais Chirac personne ne sait qui c’est. Suspense superficiel à mon avis. Car la triste vérité est qu’il n’y a PAS de mystère Chirac – l’homme est véritablement superficiel, psychologiquhement banal. Pourquoi vouloir toujours penser qu’il a un mystère passionnant dans la psyché des grands hommes politiques ? De même je suis 100% derrière Arendt et son concept de banalité du mal – pas besoin de main du démon ou de conjonction psychanalytique exceptionnelle pour produire un Eichmann, un Hitler. Pas de mystère dans le fait que des individus médiocres arrivent au pouvoir et réalisent éventuellement des grandes choses.

Aucune vraie révélation la dessus dans ce film. Passons sur l’amateur de poésie et civilisations orientales, longtemps trop pudique pour en parler, inquiet que ses amis les politiques et les agriculteurs ne se gaussent de ses goûts sophistiqués. Oui, on le savait et tous les interviewés le confirment, Chirac aime véritablement les paysans et les vaches et l’art oriental. Pas d’affectation et pas de mystère non plus. Et alors ?

Chirac est tout simplement un type qui aime les paysans et les vaches et l’art oriental, et le combat politique, et le pouvoir. Plus la politique que l’exercice du pouvoir, chacun le confirme. Il a besoin d’être aimé, respecté, craint. Il aime sincerement la causette avec les gens simples et il aime aussi avidement le luxe et les honneurs. C’est - banalement - un Don Juan qui se lasse rapidement de ses conquêtes et qui n’est d’ailleurs pas doué pour les conserver. C’est tout simplement un Gargantua. Des types comme Chirac il y en a plein dans tous les métiers.

Son camarade de Science Po Rocard parle avec un mélange de tendresse et de mépris du grand escogriffe. Il a eu du talent et souvent courage en politique, une capacité à changer d’idées et d’objectifs en six mois. Cela pourrait être une qualité si il y avait un commencement de ‘colonne vertébrale’ intellectuelle derrière les revirements d’idées ou de stratégies. Mais la longue carriere montre abondamment qu’il n’y a absolument aucune logique derrière les choix de Chirac, autres que conquérir et conserver le pouvoir et écouter le conseiller du moment. Mitterrand était tout aussi cynique que Chirac et beaucoup plus machiavélique encore, et méchant bien sur, au sens Nietzschéen. Mais Mitterrand au moins avait une certaine idée de la France.

Pasqua rend un hommage marqué au grand François et on sent qu’il a été déçu que son poulain s’avère un peu juste au moment d'affronter le plus grand animal politique de son époque. Pasqua admire en connaisseur le grand artiste qu’était Mitterrand – on sent qu’il aurait aimé mettre ses talents au service du Prince Florentin ; il prétend avoir prévenu Chirac qu’il ne serait pas à la hauteur ; il prétend que le débat télévisé a scellé sa défaite humiliante – mais je pense que le seul débat n’explique pas un écart 54/46 et que les gesticulations de Pasqua dans les semaines précédents l’élection ont joué un plus grand rôle.

Maintenant que j'y pense, peut-être que Pasqua travaillait pour Mitterrand finalement.

Intéressans rappels sur Juillet et Garaud les éminences grises de Chirac jusqu'au milieu des années 80, ultra-conservateurs, derrière la trahison et le flingage de Chaban en 1974, la prise de l’UDR en 1975, la conquête de Paris en 1977, l’appel de Cochin en 1978 (hystériquement anti-européen), le flinguage de Giscard en 1981 (Seguin racontant tranquillement comment bien sur, les chiraquiens ont activement travaillé a’ la défaite de Giscard contre Mitterrand.

Et puis les petites phrases des Juillet/Garaud a’ l’égard de leur poulain.
(alors qu’il les remercie de l’avoir forcé a’ se faire élire a’ Paris) C’est bien la Premiere fois que je vois un cheval remercier son jockey(peu après que Mitterrand les ait viré pour tomber tout cru dans l’influence Pasqua) On croyait qu’il était du marbre dont on fait les statues, mais il est du marbre dont on fait les lavabos.

'big bang' by Simon Singh


This history of cosmology and the successive views of the cosmos, is one of those books I would have loved to read between say 12 and 14 years-old – but I can still enjoy them very much now.

It is lots of fun and fascinating anecdotes. It explains in the clearest way the most complex astronomical and physics theories. At another level it is full of interesting epistemological observations on why one theory is believed and one is not, what is good science and bad science (eg all things being equal the simplest explanation is likely to be the right one), how the different paradigms follow each others, how one finally supersedes another one, how theory and observation complement each other, how astronomy and physics interacted in the XXth century.

Like he did with the most famous math problem in the equally fascinating Fermat’s Last Theorem, Simon Singh builds a very entertaining and well-structured crime story on the Big Bang cosmological model.

We have this ugly word in French ‘vulgarisation’ to refer to what Anglo-Saxons call ‘popular science’ although the French astronomer Camille Flammarion one of the first to write popular books on science in the late 1800s (although he may have discredited himself to the eyes of fellow scientist and therefore undermining popular science by also publishing works of science fiction and on spiritism).

Talking of popular science, the BBC has just celebrated the 50th anniversary of the astronomy programme ‘The Sky at Night’ which was first presented by the serious-but-relax Churchillian-looking astronomer Sir Patrick Moore in 1957 and still a weekly show today. It is believed it did a lot to keep popular science culture and scientific studies alive in the UK, I am afraid I cannot mention one French programme on astronomy or any other popular science subject in prime time hours. The only one I can think of, by the ridiculous brothers Bogdanoff, was mixing science and science fiction and stopped many years ago anyway.

Early astronomical discoveries are amazing by their simplicity. Armed with good sense, good reasoning, a little observation of simple facts, and the most basic trigonometry concepts, and a tool to measure angles accurately, a 11-years-old squad can re-do the line of reasoning that led ancient Greeks to calculate, with 10% accuracy:
• The circumference and diameter of the Earth (Eratosthenes and the well of Assuan)
• Then the diameter of the moon (as it crosses the shade of Earth)
• Then the distance of the moon
• Then the distance of the sun
• Then the size of the sun

How come we don't get to do that in class?

Successive paradigm on the shape of the universe

1. Earth-centred model. Fixed Earth at the centre of the universe (Ptolemy model made the official catholic paradigm)
2. Sun-centred model. Sun at the centre of the universe, Earth spinning and orbiting around the sun, the star still being a fixed background (voute céleste) (Copernicus, Kepler)
3. Milky Way. Sun being part of a group of similar stars, hence no longer the centre of a fixed celestial sphere (Herschel, 1700s).
4. Modern Universe. In 1923 US Astronomer Edwin Hubble demonstrates that nebulae are not within the Milky Way but are instead other galaxies in their own right, far beyond the Milky Way, thus ending ‘The Great Debate’.

10 fun facts about cosmology

1. Among ancient civilisation, Babylonian and Egyptians were technologists, as were Romans later. But Greeks invented Science, the contemplation of nature and the sake of knowing it understanding natural phenomena and laws. In the field of astronomy, Babylonian and Egyptian were fantastic observers in order to establish calendars and astrology predictions; but their cosmology views was stuck by religious beliefs. Aristarchus of Samos (born 310 BC) first developed a heliocentric model putting all planets in the correct order of orbiting, but it was rejected for being contradictory to common sense and cosmic myths: if Earth was not at the centre of the universe, how come objects seemed to fall towards the Earth? And if Earth was moving around the Sun, how come we are not blown away by the ‘wind’ this motion would create? Also the model of a fixed Earth in the middle of an outer fixed sphere of fixed stars was felt to better explain the absence of parallax of stars. As a result, Aristarchus and heliocentrism fell into total oblivion for two thousand years. It is now believed Copernicus had some notion of Greek heliocentrism but he did not mention it in his books, maybe by fear of referring to pre-Christian scientists.

2. The Earth-centred system was struggling to explain some astronomical observations like the apparent retrograde motion of planets. To fix that, Ptolemy (90-168 AD) came out with a complicated and bizarre cosmology involving ‘epicycles’ of planets. But it made the trick of being consistent with detailed observations. As a matter of fact, hundreds of year of investing in astronomical observations according to the Ptolemaic model made it increasingly more 'accurate' in predicting terms and too valuable to just throw away. It is one of the drivers of conservatism in science: you are better off and right living with a wrong theory that works, than throw the baby with the water. After all who cares about the real shape of the world when you spent years learning the Ptolemaic canons? Better wrong with Ptolemy than right with those Copernicians punks.

3. The middle-age world, both Christian and Islamic, picked up a few known books from Greek philosophers and scientists - mostly Aristotle and Ptolemy – but sometimes they picked the wrong ones (Ptolemy had also made a huge error in his Geography, by underestimating the circumference of the Earth – which incidentally made Columbus believe he could reach Asia by sailing West). They chose between ancient theories those that seemed roughly compatible with holy books, and made them an article of faith, prohibiting any other ones. No wonder that Copernicus’ De Revolutionibus (1543) was totally ignored – and banned - for decades.

4. Galileo was the first to use lenses and telescopes to observe the sky. Equipped with the best telescope of his time he made many observations that proved Copernicus paradigm: he discovered the moons of Jupiter, proving some objects do orbit other planets than Earth; he proved that the phases of Venus are incompatible with the Earth-centred model but look fully in line with what Copernicus predicted. The book he wrote to support the Sun-centred model – Dialogue concerning the two chief world systems – was all the more dangerous and provocative that it was written in Italian not Latin, and written as a Socratic dialogue to be understandable by anyone with good sense. Although the pope Urban VIII (Maffeo Barberini) was an youth friend of Galileo, the religious politics of the time – the competition from rising Reform – led the Catholics to be ruthless on dogma and conservatism, so Galileo had to recant in 1633 under torture threat.

5. At the beginning of the XXth century, scientists assumed a static, eternal and stable universe. After developing its General Relativity physics (1915), Einstein looked at the cosmological consequences and was horrified to see that it meant gravitational attraction would make the universe collapse. So he tweaked his own beautiful model by introducing the ‘ugly’ (to his own acknowledgment) ‘cosmological constant’ to counteract gravity and keep the universe stable.

6. The concept of a dynamic universe was first developed by theoretician physicists Russian Friedman and Belgian Lemaitre in the early 1920. Lemaitre’s theory was that modern universe evolved from the explosion of a compact, almighty, ‘primeval atom’. Although their models were based on Einstein’s general relativity physics (with the cosmological constant ditched) and compatible with it, Einstein fiercely opposed them, to the point of publicly humiliating Lemaitre – Einstein’s rejection at this point was more than enough to ruin someone’s career. However, after Hubble had observed the recession of galaxies, Einstein showed his greatness by being able to fully apologize to Lemaitre and then endorse the expanding universe theory. He made this extraordinary comment: ‘To punish me for having been such a rebel, fate made me a despot myself’.

7. Studying the spectroscopy of distant stars and galaxies, Hubble in 1929 that the wavelength of the light of most stars are getting longer (redshift), which according to the Doppler effect, means they are moving away from us. In fact the further they are, the faster they race away. It proved the universe is expanding and suggests indeed a primordial explosion (although Hubble himself never indulged into cosmology).

8. Despite this blow, British supporters of the stable universe led by Fred Hoyle came back in the 1940s with the ‘Steady State’: the universe is expanding but new matter is created in between galaxies so that there is no need of a initial explosion to explain motion and matter, and the universe remains eternal and structurally stable. As the fierce academic battle between the two paradigms hits mainstream press, Hoyle derides the expanding universe as a ‘Big Bang’ theory, thus inadvertently giving his opponents a popular label. Some cosmologists also found the big bang suspicious because it looked too much like Bible Genesis and the hand of God – besides it had been first invented by a catholic priest…

9. Meanwhile US physicists Gamow and Alpher developed the big bang paradigm, linking nucleosynthesis, astronomy and cosmology in a elegant and consistent history of the big bang, from a dense hot chaotic plasma of particles to atoms and stars. It explains the relative proportion of hydrogen and helium in modern universe from fusion in the early seconds after big bang, but fails to explain the further synthesis of carbon and heavier atoms. They also predicted that a Cosmic Microwave Background radiation (CMB) may still visible as an echo of the flash that happened 300,000 years after big bang, when electrons are finally captured by nuclei and photons are able to circulate unhindered across matter.

10. Fred Hoyle gave another hand to the big bang theory when he helped overcoming the problem of nucleosynthesis of heavy elements. However the coup de grace came Penzias and Wilson who in 1964 accidentally discovered the predicted CMB when trying to identify the cause of the noise affecting their radio-telescope. The fossil radiation had the exact wavelength predicted by Gamow was indeed coming from every direction of the sky. (Also financed by Bell Laboratories to study on natural radio waves interfering with long-distance communication, Karl Jansky had discovered cosmic radiations in the 1930s).

Simon Singh's website

7 mai 2007

tout est bon dans la Juliette

Depuis mon papier sur Le Festin de Juliette j’ai écouté ses autres disques, plus anciens et plus récents, et je peux dire que ‘tout est bon dans la Patronne’. Je suis toujours plus impressionné par l’éventail de ses talents et de son tempérament.

Je citais la filiation Brassens pour la rigueur de l’écriture, l’inscription dans l’héritage littéraire et poétique, la vision du monde; mais Brel, le Brel comique et ironique, est une influence plus claire et plus importante dans son interprétation et sa présence théâtrale, son tempérament d’ogre rageur, qui ose tous les effets de voix, les accents, les pastiches, les blagues (au contraire de la sobriété de Brassens). Juliette a beaucoup chanté le grand Jacques sur scène – elle donne une merveilleuse interprétation des Timides dans Deux Pianos.

Le registre thématique et musical de Juliette ne connaît pas de limites ; elle tente tout et excelle partout, jugez vous-même : elle passe du comique-troupier-fanfare à la Fernandel (Revue de détail) à un texte de poète arabe moyenâgeux (L’Ivresse d’Abhu-Nawas). Elle traduit et chante en latin un texte de Baudelaire (Franciscae Mae laudes), avant un sketch musical electro (Fantaisie Héroique) sur ce truc que dans ma boite de geeks on appelle les MMOG (Massively Multiplayer Online Games – bref les jeux de rôle ‘fantasy’ sur internet). Elle s’inscrit aussi avec plus ou moins de distance dans la belle tradition accordéon-musette (chansons comiques ou ‘réalistes’), et nous fait de pures délires potaches à la VRP, à la Coluche (Tout est bon dans le cochon).

Rimes féminines (1995)

La chanson éponyme, une chanson féministe de combat, ouvre le disque avec brio et musique militaire. Puis l’on passe en revue tout l’éventail des femmes et de la condition féminine : égéries, tueuses, géante, soldate, pute, consommatrice, petite fille modèle, maquerelle, amante, avortée, mère de Carlos Gardel, meneuse de revue.
La plupart des paroles sont de Pierre Philippe, les musiques et arrangements sont de Juliette ou Didier Goret.

J’ai déjà cité Revue de Détail, sketch troupier féminin, coquin avec l’accent. Consorama est une brillante dissertation sur le monde consumériste en forme d’opérette publicitaire, avec orgue hammond et vibraphone (ambiance année cinquante, chœur de jingle radiophonique). La Géante est un conte moyenâgeux érotique inspiré de Rabelais. Puis Juliette nous joue une mère maquerelle de choc sur un air de jazz cabaret (Remontrances) une diva de music-hall Broadway avec I’m still here – Tenir (chanson de Stephen Sondheim). J’ai cité l’influence de Danny Elfman dans Le Festin de Juliette sans savoir que j’allais trouver dans Tueuses sur cet album une citation directe du thème du Noël de Monsieur Jack (clochettes comprises) dans cette chanson composée et arrangée par Didier Goret.

Deux Pianos (1996)

Concert à la salle Gaveau en 1996 avec Didier Goret, ou Juliette reprend la plupart les chansons de Rimes Féminines. Dans une salle classique, il était approprié de commencer par La Petite fille au Piano. Une petite bûcheronne du piano, une bête à concours comme il y en a tant (‘teigne comme l’était Rubinstein’) massacre les touches avec des airs de sainte nitouche et une rage effrayante contre le monde.

Pour préparer le conservatoire
Maman fait mander tous les soirs
De vieux messieurs habilités
A venir vérifier mon doigté
Sur moi ils ne posent pas leurs pattes
Maman l’interdit mais constate
Qu’eux partis, un machin brillant
Scintille au creux de mes rubans


Ca commence mimi donc puis ça commence à se dégrader.

Pour remporter le prix Cortot
(variante live : Pour jouer à la salle Gaveau)
J’ai joué comme on joue du couteau
Et pour épater les clampins
J’suis prête à massacrer Chopin


Puis la petite se déchaîne en improvisions mozartiennes et la voix gronde d’une haine destructrice. Les longs cheveux dans le dos et la robe de percale blanc cachent en fait l’un des anges de l’apocalypse:

Je jouerai pour vos faux prophètes
Et je jouerai pour vos défaites
Je jouerai pour vos dictateurs
Je jouerai quand vous aurez peur
Car on a besoin de virtuoses
A l’heure ou la bombe H explose
Et déchaînant mes sentiments
Je jouerai pour vos enterrements


Apres avoir susurré plusieurs textes intimistes (dont Les Timides, Papier Buvard, La Joconde), Juliette nous donne un autre grand moment de folie avec une bourrée/musette surréaliste aux accents d’Erik Satie: Tout est bon dans le cochon. Elle y déchaîne simultanément ses talents pianistiques et comiques (ce qui va tout de même assez rarement ensemble, il faut l’admettre), un peu comme quand Coluche jouait du violon avec des gants de boxe.

Désormais je veux chanter l’cochon
Le pâté, l’saucisson
Répétons sur cet air polisson
« Qui c’est qu’est bon ?
Ben, c’est l’cochon »


Paroles inoubliables, cette ode à la charcuterie prend des accents philosophiques (‘philosophique de base’ précise Juliette entre deux couplets) :

En ces temps d’régime allégé
La résistance
Passe par le gobage effréné
D’rillettes du Mans
C’est une drogue, une friandise
A un tel point
Qu’on en planque dans les valises
Comme Jean Gabin


Juliette et Didier s’amusent comme cochons en foire. La chanson se termine en un délire potache. On refait la coda, pour avoir un truc plus comme-il-faut (enregistrement salle Gaveau, rappelons-le…) et re-délire total.

Mutatis Mutandis (2005)

Mutatis Mutandis (ce qui devait changer ayant été changé) est le dernier en date des albums de Juliette. La patronne ne se contente pas de faire de grandes chansons (ici pour la première fois elle a aussi écrit toutes les paroles), elle les assemble en donnant une unité de couleur et de thème à chacun de ses albums. Rimes Féminines est une ode aux femmes et à la féminité ; la dominante, le fil rouge de Mutatis Mutandis, un disque plus sombre et plus inquiétant, c’est l’érudition latine, les mythes et les sonorités orientales, méditerranéennes.

La chanson éponyme nous parle de magie et de décadence.

Du temps que j’étais belle
Et bien un peu puérile
Je transformais les hommes en animaux
O combien de marins O combien d’imbéciles
J’ai changé en pourceaux
Mon nom vous parle encore
De légendes anciennes
Je m’appelle Circé
Et je suis Magicienne


Mutatis Mutandis
Ici je veux un groin
Un jambon pour la cuisse
Et qu’il te pousse aux reins
Un curieux appendice
Maintenant je t’impose
La couleur d’une rose
De la tête aux coccyx
Mutatis Mutandis


L’Incantation magique de Circé change ensuite de nature ; les hommes sont irrécupérables et le cochon – animal sympathique - est encore trop bon pour les eux ; pour hâter la fin du monde, Circé va donc nous pousser du coté des rongeurs et des charognards.

Mutatis Mutandis
Ici je veux des dents
Que ton poil se hérisse
Qu’il coule dans ton sang
La fureur et le vice

Mutatis Mutandis
Que brûle dans ton cœur
La haine et l’avarice
Et prend du prédateur
La sinistre pelisse
Sois aveugle et sois sourd
Et mène au sacrifice
La pitié, et l’amour


Dans Maudite Clochette, une soubrette modèle nous conte son sale métier dans les beaux quartiers et comment elle finira bien pour couper la tête à sa patronne.
Ambiance plus légère, Le Congres des Chérubins est une charmante comptine sur la réunion annuelle du syndicat des puttini, fesses a l'air et joues rebondies. Enfin deux beaux duos, l’un avec Guillaume Depardieu, l’autre comique avec son alter ego bourvillesque, François Morel (Mémère dans les orties).

1 mai 2007

today in the UK

Yes, yes, yes, bloody Chelsea down, tasting the bitter taste of defeat, three days after losing the Premiereship! That is goood. Reds prevail again, even if Blues were better. So much for the special one. But cheer up José, you'll never walk alone.

Other today in the news: this year's top 10 rich list from Sunday Times. Only two British born in top 10. The duke of Westminster ranks three, just because he inherited large bits of central london that Russian Mafia happens to fancy (Mayfair, Belgravia). Talking of which, Abramowitch, grumpy thirty-something and 10 billion pounds worth, owner of losing Chelsea danseuse side, is only number two. Oh by the way, his former wife enters top 500 with about £250m. Number one is Lakchmi Mittal the steel tycoon, with £20bn, well done mate. I like number six, who's a Iran-born Jew specialising in Islamic art. Branson screw-it-let's-do-it is only number 11. The Queen is not making top 10! My Goodness.

30 avril 2007

Dance of Fire, par Aziza Mustafa Zadeh




Aziza Mustafa Zadeh, pianiste, chanteuse, compositeur, est la fille du grand pianiste jazz azeri Vagif Mustafa Zadeh qui a inventé le style Jazz-Mugam, mélange de jazz et de musique traditionnelle d’Azerbaïdjan. (Mon copain Olivier qui a vécu là-bas, à Bakou m’a rapporté des disques pirates de Vagif.) Sa mère, Eliza, est une cantatrice d’origine georgienne. Aziza a hérité de tous leurs talents et sa formation de pianiste classique a ajouté encore une autre palette à sa musique.

Aziza est née le 19 décembre 1969 soit 10 jours avant moi. Elle est cataloguée en ‘jazz fusion’; c'est un terme que j’aime pas trop. Il évoque le no-man’s land des section jazz, les soupes jazz rock électronique. Disons simplement que Zadeh compose et joue du jazz, avec de fortes couleurs de mugam et de musique classique contrapuntique. Malgré la première partie de son patronyme qui évoquerait plutôt un balèze à grosses moustaches, Aziza est aussi une très belle femme, et consciente de l'etre, avec de grands yeux noirs, une moue et un port altier de princesse arabo-andalouse.

Dance of Fire, paru en 1995, est le troisième disque d’Aziza et le premier que j’ai écouté. En 1996, Seventh Truth est paru, et c’est le disque que nous écoutions en boucle pendant notre croisière aux Grenadines avec Séverine, Christophe et Philippe (avec Austin Powers, bien sur). Un disque mélancolique qui reste associé à la couleur bleue et à la lecture de Nostromo. J’aime aussi Shamans (2002). Mais restons sur Dance of Fire, qui est toujours mon disque préféré de Mustafa Zadeh.

Le meilleur moment est la suite instrumentale Dance of Fire, en quatre parties (Boomerang, Dance of Fire, Sheherazadeh, Aspiration) avec andantes, allegro et tutti quanti. Un jazz orchestral tres écrit. Un son plein, intense, baroque et andalou. Piano, guitare acoustique flamenco (le grand Al di Meola), guitare électrique basse.J’aime aussi Bana Gal, seul morceau où la Diva fait entendre sa magnifique voix de soprano. (Elle chante plus souvent dans les disques suivants.) J’aime aussi Passion et To be Continued, cantates be-bop. Aziza n'est pas la seule musicienne de jazz influencée par Bach, mais chez elle l’influence est directe et explicite.

Aziza est parfois difficile à trouver dans les bacs. On a trouve tantôt en 'jazz', tantôt en 'fusion', tantôt en ‘world’, et parfois pas du tout. Le mieux c’est encore online.

http://www.azizamustafazadeh.de/
http://www.azizamustafazadeh.com/

23 avril 2007

Balladur en tailleur (6 enseignements du premier tour)

1/ Vive les nouvelles technologies. Ne recevant aucune chaîne française sur la TV, j’ai tout de même pu voir la soirée électorale en direct, en streaming sur toutes les chaines, dans une qualité d’image très correct via internet. Ils ont fait un bel effort pour les expats. A ce propos Le Monde nous apprend que le nombre d'inscrits sur les listes électorales a plus que doublé par rapport à 2002: 941 364 électeurs, soit 436 063 électeurs de plus qu'en 2002 (encore un effet 21-avril). Le Monde toujours : En Grande-Bretagne, où l'on estime à 300 000 le nombre des Français, 52 000 s'étaient inscrits sur place pour le scrutin 2007. 15 064 électeurs, soit 32 %, ont pris part au vote, dont 13 560 à Londres. L'électorat français du royaume est très jeune, 29 ans en moyenne [un peu comme moi]. Avec 40,85 %, Nicolas Sarkozy devance Ségolène Royal (30,61 %) et François Bayrou (21,30 %). Les autres candidats, dont Jean-Marie Le Pen, sont écrasés.

2/ Des bonnes et des moins bonnes nouvelles. Good news first: super participation, great turnout, marginalisation des extrêmes et lamination des anti-européens - Le Pen à 11%, le PC a' 2% et Bové à 1% ça c'est des bonnes nouvelles. Maturité du corps électoral, notamment a' gauche et puissant effet anti 21-avril (moi personnel j’avais voté utile en 2002). En 2002 bien sur tout le monde avait pointé la mauvaise campagne de Jospin et la conjonction de circonstances amenant le Pen au deuxième toujours mais personne n’a eu l’idée de noter l’absurdité intrinsèque du scrutin présidentiel à deux tours.

3/ L'interminable discours de Ségo en blanc sur blanc (my god : plus royaliste tu meurs) a été la grande marrade de la soirée. La Royal m'a plus que jamais rappelé coach Santini dans les guignols. Même un jour comme ça, ou elle est sensée galvaniser le peuple, elle continue la com soporifique/hypnotique. On a vraiment envie de lui donner des coups de pied au cul pour la réveiller. Jean-Marc Giri a trouvé la formule qui tue : ‘Balladur en tailleur’. Difficultés de lecture ou balai dans le fondement, malaise en présence de supporters surexcités? C’est vrai que tout ces gens qui font du zèle et veulent pas s’arrêter de t’applaudir, c’est un peu vulgaire. A mon humble avis la pauvre Ségo n'a pas l'ombre d'une chance au deuxième - même si elle récupère la moitié des voix de Bayrou (comme le suggère les sondages) et fait le plein à gauche, ça suffira pas. Le total gauche est pas impressionnant.

5/ La TV sur internet m'a aussi permis de revoir la gueule enfarinée de Fabius, ce traître – maudit soit-il, et qu'Allah le pende par les génitoires. Et à chaque fois je repense à sa responsabilité historique dans un possible déraillement de l'Europe, et je me redis que le fait de ne pas l'avoir exclu du parti à ce moment là, était peut-être aussi l'arrêt de mort du PS (pour qui j'ai voté, quand même).

6/ La forte participation ne signifie pas nécessairement que la campagne a été de qualité. Personnellement je n'ai pas une haute opinion d'aucun des trois principaux candidats et de leurs programmes. Tous ont focalisé sur deux messages simples 'je suis différent' et 'nous pouvons avoir le beurre et l'argent du beurre', aucun n'a parlé avec courage de l'Europe et de la Constitution. Le mot Europe en particulier a été totalement absent de cette campagne. Seuls les anti-européens en ont parlé, comme d'habitude. Même Bayrou, censément pro-européen, a été très discret sur ce thème, focalisant tout sur le rejet (modéré) du ‘système’. On continue de faire semblant de penser que l'avenir des français peut dépendre de cette élection, suivie de décisions souveraines prises dans le 8eme et le 6eme arrondissement.

7 avril 2007

Le Festin de Juliette, par Juliette Nourreddine


J'ai envie d'écrire une série sur mes disques préférés. Pour vous donner envie de les acheter. J’ai envie de commencer par mon album de chevet depuis quelques mois. Le Festin de Juliette de la grande Juliette Noureddine, publié en 2002. Chaque écoute est une jubilation. C’est le meilleur disque français des dix dernières années, depuis Fantaisie Militaire de Baschung en 1998.

La patronne

Profonde et jamais grave, émouvante mais pas mélo. Drôle, moqueuse, gourmande, toujours changeante, Juliette s'amuse avec les mots et les styles musicaux. Rabelaisienne insolente et tendre, joignant la liberté de forme à une versification irréprochable (alexandrins, octosyllabes, rimes toujours ‘suffisantes’), elle est la seule chanteuse vivante à me rappeler le grand Georges. En fait l'impression dominante c'est l'autorité, la maitrise et la force tranquille de la Diva. Comme Barbara j'en suis sur, ses hommes la nomment 'Patronne'.

Le fond et la forme

Vous vous souvenez des commentaires composés? Ou on était censé montrer l’art d’un auteur par l’analyse de l’adéquation entre ‘le fond’ et ‘la forme’. La qualité d’un texte résidait dans la manière avec laquelle l’auteur mettait le style au service du sens. Eh bien c’est ça qui est admirable dans cet album – la capacité de Juliette à inventer la musique et les arrangements qui font de chacun ses textes ciselés une sorte de mini opéra avec changements d'humeur et de couleur musicale, rebondissements, alternance de farce et de tragédie. Comme chez Brel, Piaf et Barbara, chaque chanson est une histoire et un film. Juliette est aussi une grande humoriste et comme Sylvie Jolie ou Valérie Lemercier, chacun de ses sketches est raconté à la première personne.

Les arrangements sont un perpétuel délice, chaque nouvelle écoute révèle des trouvailles. Styles, bruitages, changements de rythme ; chacune des 11 chansons est un drame en trois actes et cinq minutes.

L’Eternel Féminin.
Prenant au mot le péché originel et la diabolisation éternelle de la femme, Juliette nous révèle ce que nous savions au fond depuis toujours : ‘Le diable est une femme / Les femmes c’est le diable’. D’ailleurs ‘La place d’une femme n’est-elle pas au foyer?’ Et Juliette la diablesse de conclure dans un soupir :

Et pour me faire ‘venir’
D’une voix qui frissonne
Il suffit de redire
‘Patronne’


Impatience.
Ecriture plus traditionnelle et sobre sur les 'plaisirs sans engagement' – non pas sur l'acte mais l’attente et l’anticipation du plaisir. Ici Juliette n’est pas l’actrice du drame mais la narratrice, le témoin. Dans la rue près de chez un ancien amant, elle reconnaît dans la démarche et l’air d’une passante les sentiments qu'elle connaît bien: 'L’heure des ivresses et des plaisirs / Que j’aimais tant qu’il y a longtemps'.Pour arranger la mélodie nostalgique et rétro, l’arrangement suave et tendre des films français des années 50 – swing guitare piano. Vacances de Monsieur Hulot.

Elle savait que le désir
Serait le maitre du moment
A l’heure où rien ne doit se dire
Qui ne soit mensonge ou serment


Garcon manqué.
Juliette a dix ans. Demain pour son anniversaire on lui donnera une boite de mécano, une tenue de zorro. 'Adieu les sales poupées, les jupes et les jupons'. Si elle arrive à traverser le pont de liane du tapis de l’entrée, infesté de serpents, comme son héros Indiana Jones. Charmant.
Comptine et film d’aventure Musique aux accents gréco-orientaux. Balafon africain.

Quand on vous aime comme ça.
L’héroïne de la chanson quitte son loft du 11eme pour s’en retourner à la terre et faire du vin bio. 'C’est une horrible piquette / Mais je la vends sur internet'. Ddénonciation des bobos cyniques anti-mondialistes.

Pour lutter contre la mondialisation
J’anime une association
On démonte des pizzerias
Au village on n'a que ca.


Arrangement successivement new age/hindou, puis breton/rock-musette

Mode d’emploi
La diva est finalement humaine. Comme chacun de nous simples mortels, elle ne sait pas lire les notices. Desproges déjà dans ses chroniques de la haine ordinaire dénonçait à juste titre le complot des objets contre nous – cintres, meubles en kit, portions de fromage fondu. Et les modes d'emploi font partie du problème.

Pour déballer une vache qui rit
Un CD d’Francois Valéry
C’est fou comme le monde se complique
Quand on lit pas les fiches techniques


Charmante petite comptine contre la vie quotidienne avec la encore l’arrangement qui va bien : une comptine au balafon.

Il n’est pas de plaisir de plaisir défendu
Encore une chanson épicurienne, d’une folle fantaisie. Trois couplets particulièrement savoureux.

Elle a goûte, sucé, mordu
Le succulent fruit défendu
Le bonheur vaut la réprimande


Elle est si bonne l’eau Jésus
Quelle idée de marcher dessus
Viens te baigner, rejoint la bande


Vive la barbe et les barbus
Allons au bois monsieur Landru
Envers vous ma confiance est grande

(Avec imitation de Bardot en prime).

Ambiance musique pieuse avec chœur à la con, mais chaque couplet dans un style différent : bossa nova, musique militaire, chanson réaliste, gipsy king, bretonneries.

La paresse est un hommage à la paresse en forme de berceuse ‘steel band’. Un ragga abscons est ragga-muffin gascon endiablé ou l’accordéon chauffe dur, la patronne fait ronfler l’accent du Gers dans une logorrhée de termes abscons, comme ceux qu’on était censé placer dans nos commentaires composés, vous vous souvenez ? Comme ‘logorrhée’. N’est-il pas plus abstrus que ses amphigouris?

Le dernier mot
Ma chanson préférée d’un album ou j’aime chacune des chansons. Cinq minutes de plaisir total et jubilatoire. J’ai été surpris à l’instant de voir sur l'écran de l’ipod de voir une durée de 5 minutes. Il se passe tellement de choses passionnantes dans ce texte et cette musique que je pensais que la chanson durait 7 ou 8 minutes. Festin d’intelligence. Juliette y passe en revue le mythe romantique du dernier mot et conclut que ce qu'on a à dire, 'il faut le dire avant'. Arrangements flamboyants à dominante jazz latino, saxo, saxo basse (rare), piano, guitare électrique, super passage salsa, plein de percus.

Sans doute l’idéal serait de la fermer
Un adieu du regard à ceux qu’on a aimé
Certes je me tairai si j'en ai le courage
Mais vous me connaissez
Et il serait dommage
D'aller contre nature
Que tradition se perde
Une dernière fois je pourrai dire
Merde


Le Festin de Juliette
Procession macabre et épicurienne. Accents de Poe, Brel (variation sur Le dernier repas), cuivres, cloches et pipeau (Danny Elfman dans L’Etrange Noel de M. Jack).

Tout est bon dans le cochon et tout est bon dans Juliette. D'ailleurs laissons lui le dernier mot.

Oui pour une gourmande
C'est une fin parfaite
De sceller son destin
Au festin de Juliette


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