14 septembre 2007

Vince's favourite things about London (6) - the Greater London

En 1986, Maggie Thatcher abolit le Grand Londres, alors déjà dirigé par Ken Livingston depuis 1981, pour le remplacer par une confédération de conseils de boroughs (les boroughs sont les 32 super-arrondissements de l’agglomération de Londres, dont Westminster, Islington, Camden, Kensington) et ainsi annihiler une entité puissante et ancrée à gauche.

Avec le retour du Labour dans les années 1999, les travaillistes rétablissent un Greater London englobant environ 7.5 millions d’habitants, avec un maire élu au suffrage direct. ‘Ken le rouge’ pas précisément un ami des blairistes perd les primaires labour mais décide de se présenter en candidat indépendant en 2000. Il gagne mais est exclu du parti travailliste. Il négocie ensuite une ré-intégration chez les travaillistes et remporte de nouveau les élections en 2004.
Je ne suis pas du tout un expert de la politique municipale – je sais juste que sur le sujet des transports, Ken est couillu et va dans le bon sens. La ‘congestion charge’, mesure hyper impopulaire, a eu l’effet escompté, en réduisant la circulation dans le centre. La prochaine étape est peut-être d’éradiquer les 4x4 urbains, ces véhicules de guerre urbaine, ces ‘Kensington Tanks’, insultes au bon sens, au bon gout, à l’environnement.

L’autre sujet c’est le métro. Il y a quelques années, Ken avait été obligé d’accepter le montage ‘partenariat-public-privé (PPP)’ imposé par le chancelier Gordon Brown, ‘Metronet’ chargé de la réfection de quatre ou cinq lignes pour plusieurs milliards de livres. Résultat : conformément aux craintes de Ken, Metronet a déposé le bilan récemment. Ken a jubilé : ‘je vous l’avait bien dit!’ et il a exigé des têtes : ‘To me, they are all dead meat’ en parlant des administrateurs de Métronet. Il exige de voir la mairie reprendre les rennes du projet. Certains accusent la mairie d’avoir saboté Metronet en n’accordant pas les subventions qui étaient prévues, mais beaucoup reconnaissent que Metronet a laissé dériver les couts.

Ces sujets sont ultra complexes, mais au delà des politiques menées, ce que j’aime, ce que j’aimerais voir à Paris, c’est le Grand Londres, par opposition à ce Paris riquiqui, mesquin, calcifié. Un inner Paris fortifié de deux millions d’habitants retranchés derrière le périph, ghetto de vieux bourgeois, petites mémés et petits bobos, et tout autour une mosaïque de communes croupions socialement purifiées, ghettos de riches (ouest et sud-ouest) ou ghettos de pauvres (nord et nord-est). Moi je viens du Val de Marne, à l’est, une des rares banlieues encore socialement mixtes. Résultat : malgré la multiplication des entités superposées et redondantes (région Ile-de-France, départements), il ne semble pas y avoir de politique intégrée des transports et du logement, et certainement pas de péréquation des revenus et des moyens entre les ‘communes’ ultra cossues du sud-ouest et les banlieues tragiquement démunies du nord.

Je pense qu’il faudrait supprimer les départements et les communes de la petite couronne, créer un grand Paris englobant, au moins, le 92, le 93, le 94 – et peut-être le 95 et le 77 dans un deuxième temps. Les actuels arrondissements de l’hypercentre (minuscule) et les petites communes de périphérie fusionneraient pour créer des boroughs de taille plus homogène (disons 200,000 à 400,000 habitants)

Lorsque, très très rarement, quelqu’un ose évoquer un Grand Paris, contre tous les conservatismes locaux, on lui répond que ce serait un déni de démocratie et qu’il faut préserver l’identité de Saint-Maur, de Boulogne et d’Issy les Moulineaux. Mais qu’est-ce qui empêcherait que ces trois communes de plus de 100,000 habitants deviennent le centre d’arrondissements du Grand Paris, qui s’appelleraient Boulogne et Saint Maur, avec leurs maires et leurs conseillers d’arrondissement ? Est-ce que, au sein du Grand Londres, un coin comme Richmond, l’équivalent d’un Saint-Germain en Laye disons, ne conserve pas toute son identité ?

Grand Londres et mixité sociale

Autre chose que j’aime à Londres, c’est la mixité urbaine. Malgré des écarts de revenu obscènes, beaucoup plus importants qu’en France et à Paris, j’ai l’impression que le planning urbain fait que les quartiers riches et pauvres de Londres sont largement interpénétrés, garantissant un minimum de mixité sociale. A Londres on trouve souvent une rue commerçante chic où les appartements ‘victoriens’ de deux pièces se louent 1500 livres par mois, et deux minutes plus loin un petit bloc de HLMs (‘council houses’). Mais pas ou peu de mégas grands ensembles de tours, cette aberration urbanistique de Paris, responsables de beaucoup de maux et sans doute des émeutes de novembre 2005.

Pourquoi et comment cette meilleure répartition du logement social à Londres ? Je soupçonne deux raisons. La première c’est que, grâce au Grand Londres, les conseils de tous les boroughs, y compris les plus chics, sont obligés de consacrer des budgets significatifs au logement social. Il existe il parait une loi dans ce sens en France, mais des communes comme Neuilly seront toujours prêtes à payer n’importe quelle amende administrative plutôt que de bâtir des HLM qui ferait baisser la valeur des ‘biens’ privés autour. La deuxième raison est historique : les ravages causés par la deuxième guerre mondiale. A l’emplacement des immeubles détruits, on a construit des immeubles sociaux bon marché dès la fin de la guerre, pour loger les migrants venus de toute l’Angleterre pour travailler à Londres.

Pretty Paris v. casual London

C’est aussi l’une des causes d’un autre truc qui me plait à Londres. Je ne trouve pas de mot français, alors je dirais son coté ‘casual’. Paris est magnifique, pittoresque, sublime, majestueux ; Paris est pretty. La moindre pierre est moyenâgeux ou haussmannien, les rues sont propres, la nuit toutes les vieilles pierres sont luxueusement éclairées etc. Londres par contre n’a jamais eu de Baron Haussmann ou de monarque avec des idées urbanistiques, et pour finir les ravages de la guerre l’on obligé à se reconstruire en grande partie ; alors il n’y a aucun unité architecturale, tout n’est pas toujours beau, surtout si on n’aime pas trop le béton (Barbican, National Theatre, National Film Theatre etc), mais au moins il n’y a pas de vaches sacrées et la ville donne l’impression de vivre, alors que Paris – c’est une évidence – est en voie de momification (disneyisation, venisification…) rapide. Alors oui bien sur, Paris est plus beau pas l’ombre d’un doute, c’est super à visiter, mais ce narcissisme chic finit par lasser et par agacer quand on y habite.

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