30 mai 2006

foot - England warm up for World Cup

L’Angleterre se prépare pour la Coupe du monde de foot. Les drapeaux commencent à apparaître aux fenetres et à sortir des voitures. Les journaux consacrent une page entière chaque jour à l'état du pied de Wayne Rooney.

Je dis bien : ‘L’Angleterre’ et pas le Royaume Uni. Rappelons pour les non-footeux et non-footeuses (ce blog est non-footeux-friendly) que pour des raisons historiques, parce ce sport a été inventé dans ce pays, l’Angleterre, l’Ecosse, le Pays de Galles et l’Irlande du Nord ont eu les premiers - et ont toujours conservé - des sélections nationales distinctes. Mon collègue David MacQueen, écossais comme le nom l’indique, va rejoindre les cohortes des supporters de Trinidad et Tobago, cette petite île des Caraïbes qui affronte l’Angleterre au premier tour.

Je ne sais pas en France mais ici la télé anglaise nous abreuve tous les soirs de documentaires sur la mythique Victoire de 1966, quand l’Angleterre battit l’Allemagne en finale à Londres. Et j’ai remarqué un truc intéressant : à l’époque, les maillots étaient oranges et les supporters brandissaient l’Union jack, le drapeau britannique. Aujourd’hui en 2006 les maillots sont blancs et on ne voit dans Londres que le drapeau blanc avec la croix de Saint George, le drapeau ‘Anglais’. Face au nationalisme écossais en particulier, face à la perte de l’Empire et à l’européanisation rapide de Londres, la nationalisme anglais connaît en effet un impressionnante recrudescence.

Ce sera ma première grande compétition ici et mes amis m’ont prévenu que c’était un peu dur à vivre pour un non-anglais. Je commence à comprendre ce qu’ils veulent dire. Mais contrairement à ce qu’on pourrait craindre lorsqu’on connaît la tradition de French bashing dans la presse populaire anglaise, la France n’est pas l’ennemi numéro un en football. L’ennemi numéro un, et de très loin, c’est l’Allemagne.

Parmi les documentaires TV déjà cités, un bon nombre se focalisent uniquement sur la rivalité Anglo-allemande. Gary Lineker a un jour déclaré ‘Le foot est un jeu qui se joue a onze contre onze et à la fin c’est l’Allemagne qui gagne’. C’est vrai que depuis 1966 l’Allemagne a toujours battu l’Angleterre dans les phases finales des grandes compétitions, mais l’Angleterre aime a rappeler qu’elle a gagné les plus grandes batailles : 1918, 1940, 1966.

Je vous entends dire oui c’est pareil qu’en France, personne aime les allemands. C’est vrai et faux. Certes l’Allemagne depuis Séville 1982 est notre hantise et c’est l’équipe qu’on adore voir perdre. Mais ce n’est RIEN par rapport à la haine hystérique des anglais contre les allemands. Dans la France ‘réconciliée’ avec l’Allemagne un programme spécifiquement consacré à cette rivalité ne serait pas politiquement correct. Ici cette rivalité on l'entretient quasi-officiellement, on a aucune difficulté à l'admettre.

Depuis que j’ai compris ça je suis vachement soulagé. Nous avons un allemand ici au boulot, et j’ai bon espoir d’être épargné par les sarcasmes de la majorité anglaise, qui devraient normalement converger irrésistiblement sur sa pauvre personne, comme jadis les bombardiers de sa Majesté sur Dresde. Daniel Schmidt est un gars sympa mais je n’irai pas jusqu'à lui proposer un front commun franco-allemand anti-anglais – je me fais discret et chacun sa merde.

Pour illustrer, au delà du foot, l’obsession anti-allemande des anglais, j’aimerais vous raconter un épisode de Fawlty Towers, la série comique de John ‘Monty Python’ Cleese dans les années 70. Mr Fawlty (Cleese), directeur d’hôtel, reçoit des clients allemands (tout ce qu’il y a de décents) et donne la consigne à tout le personnel : ‘Don’t hurt them ; don’t mention the war’. Mais c’est évidemment lui-même, dans une scène hystérique et surréaliste, qui multiplie les lapsus sur la guerre et les stéréotypes anti-allemands.
Un client allemand : Please stop mentioning the war !
Fawlty : I don’t, you did, you started it !
Client: No we didn’t!
Fawlty: Yes you did! You invaded Poland!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

quelques observations de mon cote pour ajouter aux tiennes:

> comme champ de recherche sociologique le foot doit etre tres tres riche, symboliquement

> de mon point de vue la difference entre le supporter moyen francais et le supporter moyen anglais ou neerlandais est que le supporteur moyen francais est bcp plus modere, ou autrement dit, il y a bcp moins de supporters tres passione a mon experience

> d'ailleurs, tous les pays sont insupportable dans leur soutien de leur propre pays - observer un peuple etre chauvin c'est souvent pas beau

> aux pays-bas l'ennemi du foot numero 1 reste l'allemagne. c'est ainsi que notre plus grande victoire depuis tous les temps est de loin la demi-finale de l'euro 1988 quant on bats l'allemagne 2-1 chez eux! bcp plus important que la victoire en finale, ou les multiples victoires de ajax ou feyenoord ou psv

> enfin, un petit espoir - c'est arrive pas mal de fois qu'un pays voisin de l'organisatuer gagne un garnd tournoi - france en 2000 en belgique/pays-bas, danemark en 1992 en suede, italie en espagne en 1982, et puis presque: argentine au mexique en 86, allemagne en italy en 90:m donc pays bas ou la france en allemagne

Anonyme a dit…

Vincent, now you have survived not only a year in London but also the first few weeks of Germany 2006 I hope you realise your fears about what the flag of St George symbolises were groundless!

Rather than a rallying-point for mobs of hooligans looking for foreigners to beat up, it's just a flag. It just means we support our team, just like people do in every other country.

I write because came across quite a good post on football 365 today which explains the origins of the vogue for the flag and makes a nice comparison with Germany now:

http://www.worldcup365.com/story/0,16726,7983_1308413,00.html

After our team's dismal perfomance, we English won't have much to remember Germany 2006 for - except maybe a step towards realising that actually we quite like the Germans.