1 mai 2006

brit politique - trois scandales

Les ennuis actuels de Chirac ne sont rien à côté des soucis de Blair.

Certes le UK va mieux, économiquement, socialement, mais son gouvernement est tout aussi sinistré politiquement.

Mardi dernier, le même jour, trois ministres majeurs, parmi les fidèles du New Labour, se retrouvent à la une des journaux, en situation d’être peut-être contraints de démissionner. Trois histoires très différentes, trois histoires typiques de la vie publique et des médias ici : scandale sexuel, rébellion du secteur public (bon ça on connaît) et révélation sur les errements de la gouvernance.

John Prescott, vice premier ministre (personne ne sait à quoi il sert exactement) fait face aux révélation de son ex-assistante qui raconte leur relation sexuelle (il est marié bien sûr) ; Patricia Hewitt, ministre de la santé, se fait huer et chahuter à la tribune d’une conférence par des centaines d’infirmier et infirmières à qui elle essaie d’expliquer tout à fait franchement qu’il faut réduire leur nombre de plusieurs milliers dans les hôpitaux parce qu’on n’a plus de quoi les payer (le new labour est très ‘droit dans ses bottes’ aussi) ; enfin – et c’est sans doute le plus grave – Charles Clarke, Home Office ministre, doit faire face au scandale des prisonniers étrangers libérés à l’issue de leur peines alors qu’ils auraient du, selon la loi, être expulsés du pays (ici la double peine est considérée comme normale – le Royaume Uni est plus accueillant que la France mais n’a aucun scrupule à virer les types qui déconnent). Il y a en eu plus de mille libérés par erreur. On est en train de les chercher. Il semble que les services de l’immigration n’aiment pas trop travailler avec les services des prisons de sa majesté. Problème, les deux services sont sous la responsabilité de Clarke.
Dans cette affaire, Blair a une nouvelle fois fait preuve d’un aplomb incroyable. Clarke a reconnu sa faute, s’est excusé publiquement et a présenté sa démission au PM ; Blair a refusé sa démission et a été expliquer sous les huées de l’opposition que Clarke est le mieux placé pour réparer sa propre erreur.

Tout cela serait impossible en France.

Prescott - La presse ne révèle pas les frasques sexuelles des hommes politiques et ça c’est plutôt bien (encore qu’on puisse considérer qu’un ministre marié commet une faute politique en ayant une affaire avec une salariée – la faute n’est dans le fait de se faire piquer).
Hewitt - Jamais un ministre – surtout pas dans la fonction publique - n’oserait prendre une mesure aussi impopulaire et surtout pas aller l’expliquer face aux intéressés déchaînes devant des cameras de TV.
Clarke - Les dysfonctionnement du ministère de l’intérieur ne seraient jamais révélé à la presse et reconnus publiquement, avec moult détails statistiques.
Ces scandales ne pourraient pas apparaître en France, mais s’ils apparaissaient, - ou d’autres d’une ampleur équivalente – jamais on ne verrait le chef du Gouvernement défendre ainsi bec et ongle son ministre discrédité. Il serait viré vite fait, pour ne pas entacher l’aura monarchiste du Président.

Le bon côté de tout cela, c’est que la transparence et les standards de vie publique sont beaucoup plus élevés ici, que les contre-pouvoirs sont plus puissants. Le PM rend des comptes, personnellement, tous les jours, devant l’assemblée. La vie publique a son lot de scandales et de ridicules, mais rien à voir avec le côté république bananière du gouvernement français ou italien. La ‘relisience’ face à l’adversité est aussi une qualité typiquement britannique.
Le mauvais côté, c’est qu’on assiste, un an à peine après la deuxième réélection de Blair, à une fin de règne de plus en plus chaotique et presque Mitterrandienne: si Blair se refuse à virer des types comme Clarke pris en flagrant délit d’incompétence, c’est moins par résilience que parce qu’ils font parti de ses fidèles politiques et qu’il ne lui en reste plus beaucoup dans le Labour.

PS : j’ai écrit ceci avant d’avoir eu vent de l’affaire Clearstream en France par Fred et Marie. Bon OK un PM qui mobilise les services secrets contre un ministre de l’intérieur, c’est beaucoup plus fort.

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