4 décembre 2006

Cars, by John Lasseter


Pour bien nous punir du péché originel, Dieu nous donné la fièvre aphteuse et la Circle Line. Heureusement, il a aussi créé MM. John Lasseter et Nick Park, qui ont ensuite créé Pixar et Aardman.

Je viens de voir le septième long métrage Pixar (Cars) et le troisième Aardman (Flushed Away) (voir ma review) et le bonheur a été une nouvelle fois au rendez-vous.

They did it again

Pour la première fois je n’ai pas vu le nouveau Pixar à sa sortie l’été dernier. Parmi d’autres raisons, il y a que j’étais réticent sur le sujet. Déjà gamin je me désintéressais totalement des petites voitures et je suis resté un opposant fanatique à la mystique automobile. Je hais les vroum vroum de la course automobile, qui vous casse les oreilles. Et puis l’affiche faisais trop gnangnan Disney. Je suppose que je craignais mon héros John Lasseter ne tombe de son piédestal en nous livrant un film pas bien, un film vendu au merchandising Disney. Et puis après six merveilles de suite, Pixar ne pouvais pas être infaillible.

Donc j’ai vu Cars en DVD. Et ouf ! Fusion Disney ou pas - l’opus numéro 7 a d’ailleurs été commencé avant la fusion (voir mon papier là-dessus) – c’est bien un Pixar et c’est bien un Lasseter, même si, disons-le tout de suite, ce n’est pas pour moi l’un des meilleurs Pixar.

Mes Pixar préférés restent:

1 Monsters Inc (Pete Docter)
2 Toy Story 2 (John Lasseter)
3 The Incredibles (Brad Bird)
4 Toy Story (John Lasseter)
5 A Bug’s Life (John Lasseter)
6 Finding Nemo (Andrew Stanton)
7 Cars (John Lasseter)

Malgré le jeu vidéo et autres produits dérivés Disney, malgré une histoire un peu trop cute, l’excellente nouvelle reste que même un ‘mauvais’ Pixar, c’est toujours infiniment supérieur à ce qui se produit dans le monde, Aardman excepté.

Depuis la renaissance de l’animation initiée par Lasseter et Toy Story en 1995, pas mal de studios se sont lancé dans l’animation CGI 3D. Sur 10 longs métrages produits en 2006 aux USA, 9 utilisaient cette technique. Lorsqu’on voit des films moyens ou médiocres comme Madagascar (Dreamworks), Robots (Blue Sky), Shrek 2 ou Shark Tale (Dreamworks) on comprend que les dollars et les ordinateurs ne suffisent pas à faire un bon film et l’on voit l’écart considérable que possède toujours Pixar sur ses confrères animateurs.

Or donc c’est le quatrième film ‘réalisé’ par Lasseter personnellement (co-écrit et co-réalisé par Joe Ranft), après Toy Story 1 et 2, et Bug’s Life.

J’adore ce type. C’est un visionnaire et l’un des plus grands cinéastes d’animation de tous les temps et c’est un gars charmant, modeste, simple (comme Nick Park d’ailleurs) qui ne cesse de rappeler la nature fondamentalement collégiale de la création en matière d’animation. Dans le DVD il y a un bonus intéressant et émouvant où Lasseter raconte la génèse de Cars.

Main Street, America

John raconte que sa femme lui a demandé de lever le pied un jour, de laisser un peu Pixar pour s’occuper de ses quatre autres enfants, quatre garçons. Alors John a fait ce que faisait son père pour les vacances. Il a loué un camping car et toute la famille est partie sur les routes de l’Ouest. Le père de John adorait les voitures et les vacances des Lasseter c’était des centaines d’heures en voiture, les diners, les motels, les paysages grandioses. Tout le monde était heureux. John conçoit l’idée d’un film sur la Route 66, qui sera un hommage à l’Amérique de son enfance, l’Amérique des petites villes et des voitures de rêve des années 50-60. Et dont les personnages seront des voitures.

Alors John emmène une bande de collaborateurs sur la véritable route 66 pendant plusieurs semaines de repérages. Cette route mythique, qui va de Chicago à Los Angeles lézarde à travers les montagnes rocheuses, fut la première route trans-continentale goudronnée en Amérique. Les bikers et autres amoureux nostalgiques l’on surnommé la "Mother Road" ou "Main Street USA". A partir des années 80, le développement des inter-states à plusieurs voies a court-circuité de nombreux tronçons de la route 66 et transformé de nombreux de ses villages étapes en villes fantômes. Lasseter et son équipe ont ainsi visité plusieurs de ces petites villes figées dans le souvenir glorieux des années 60, où quelques vieux commerçants vivent toujours, des miettes de l’autoroute.

Lasseter avait trouvé son histoire : une ambitieuse petite voiture de course NASCAR – Lighting McQueen, voix Owen Wilson - se perd dans l’une de ces villes fantômes, Radiator Springs. Lighting McQueen va apprendre à lever le pied de l’accélérateur, au contact des ploucs du coin que ‘life is about the journey, not the finishing line’. Dans le village paumé s’est constitué une famille d’handicapés de la vie, de misfits brinqueballants, de tacots plus cotes à l’argus, de cast-aways qui ont échoué là à différentes époques. Aux propriétaires du motels et aux vendeurs de pneus s’ajoutent une ancienne voiture de course accidentée (une Cadillac de 53, voix de Paul Newman), un hippie (un fourgonnette wolkswagen), une yuppie néo-rurale enfuie de LA (une Porsche). Vous voyez mon soulagement : finalement c’est tout le contraire d’un film à la gloire de la vitesse et de la peinture métallisée, c’est un éloge de la lenteur, de la rouille, et des petites gens de l’Amérique profonde. On songe à Bagdad Café ou à une version idyllique de Dogville.

Si donc ce n’est pas l’un des meilleurs Pixar, c’est l’un des plus personnel et émouvants par sa charge nostalgique, sa philosophie hippie et l’hommage rendu à l’Amérique semi mythique des années 50.

Les prochains Pixar

2008 verra le retour de Lasseter avec Toy Story 3. Aie, aie, je suis content mais en même temps j’espère que ça ne sera pas le sequel de trop. Toy Story 3 c’est exactement ce que je redoutais avec la vente de Pixar à Disney. Le synopsis: Buzz Lightyear is recalled to a factory in Taiwan, and the rest of his toy pals go to rescue him.

Pour l’été 2007 est prévue la sortie de Ratatouille de Brad Bird, le réalisateur de The Incredibles. A young rat living within the walls of a famous Paris bistro wishes to become a chef, but is hindered by his family's skepticism and the rat-despising staff and patrons.

En parlant de rats, voyez donc mon papier sur Flushed Away (Souris-city), le nouveau Aardman.

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