14 janvier 2006

Plus blancs que blanc: une interview exclusive des White Spirits


Culture. Encore un groupe de zazous au cheveux longs, un de plus ? Ne nous y fions pas, ces cinq jeunes gens, issus des plus vieilles familles de France, jettent un pavé dans la mare du rock hexagonal, hissent le drapeau blanc, et rafraîchissent bigrement l'idée royaliste. Une révolution, sire !

Bien calé dans son profond fauteuil de cuir vert, notre hôte Gérard Maruani se tripote la moustache d'un air entendu. Le producteur au flair légendaire aurait-il une nouvelle fois mis la main sur l'oiseau rare ? Les White Spirit, dont le deuxième album "Fuck-la-Gueuse" sort le 21 janvier (jour-anniversaire de la mort du roi-martyr), pourraient bien être le groupe de l'hiver, en attendant de devenir, comme on le murmure, "groupe de l'année" aux prochaines Victoires de la Musique.

Ils étaient tous là, au jour dit, dans le bureau de leur producteur, au 62ème étage de la Tour Montparnasse, dans l'épaisse moquette rose, pour nous accorder un entretien-vérité. Présentations :
Gaëtan du Plessis de Chateauvieux, dit Elvis, le leader charismatique; Philippe-Frédérick d'Orléans-Angoulême, dit Philou, le batteur fou; Louis-Jacques d'Anjou-Saintonge, dit Jack, à la basse (et son éternel tee-shirt Iron Maiden); Jean-Emmanuel Guitaud du Gazon d'Honfleur d'HEC (01), à la viole de gambe; et Mouloud, de La Plaine Saint-Denis (99), au clavecin.

FIG-MAG : Qu'est-ce que ça veut dire en 2006, être rockers et royalistes ?

Elvis du Plessis : Ben... au début, on détestait les Orléans. C'était des bourgeois, des traîtres, quoi. Tous les dimanche après la messe on se frittait avec Philippe (rires). En plus de descendre de Philippe-Egalité-mon-cul (sic), qui a voté la mort de Louis XVI (il se signe), il faisait un groupe punk. On avait la rage après les régicides.

Philippe-Frédérick : Ce que Gaëtan oublie de dire, c'est qu'on leur faisait de la concurrence aux rallyes, et aux goûters à Neuilly. Il n'y avait pas assez de réceptions pour deux groupes. Nous on se tapait tous les rallyes de l'Immaculée Conception, on roulait notre bosse de Saint-Cloud à Saint-Germain, Le Vésinet, tout ça. On faisait un rock assez "dur". C'était le Père Gontran qui nous manageait. On faisait aussi les "raves du roi", (NDLR: les soirées underground de Versailles-Chantiers). Ça chauffait dur dans le 92 à cette époque-là. On a goûté au sexe et à la drogue, mais on a aussi beaucoup réfléchi aux rapports de la royauté avec la religion, le fric, à l'éthique aristocratique, tous ces trucs.

Jean-Emmanuel : Personnellement le Comte de Paris m'a écoeuré en laissant son petit-fils Alphonse de Blois épouser Irma de Piémont-Sardaigne, qui est une grosse salope et même une républicaine. La dynastie va mal, écrivez-le dans votre journal.

FIG-MAG : La monarchie, une idée neuve ?

Mouloud : Les Français réalisent de plus en plus que le seul recours face à la nullité morale et politique de la nation, c'est la renaissance national-monarchique. Nous nous sentons proche de quelqu'un comme Vincent Létang et de son Manifeste pour la Renaissance Française, ce qu'il dit du monde d'aujourd'hui nous interpelle. Moi par exemple, j'ai un autoradio MP3 dans ma bagnole; j'ai pas envie que les immigrés me la pique, j'ai pas honte de le dire.

Elvis du Plessis : L'ancien régime, c'était cool, mais c'est fini de toutes manières, il faut vivre avec son temps. D'ailleurs, on ne rejette pas toutes les idées modernes : la Xbox 360, ça va dans le bon sens, mais la contraception, c'est dégueulasse.

FIG-MAG : Alors quel roi ?

Louis-Jacques : Les premiers groupes orléanistes étaient plutôt d'obédience alternative-punk, très radicale. Mais avec la réconciliation de l'esprit blanc, l'oecuménisme monarchique qui règne dans notre groupe a commencé à se essaimer au-delà du rock... Je crois qu'il faut d'abord ressusciter l'idéal sacré qui est le nôtre, avant de chercher un nom pour l'incarner sur le trône. Il sera bien temps alors de convoquer des Etats généraux pour le choisir.
Depuis la mort du Comte de Chambord, il y a un siècle, c'est vrai que la confusion règne. Trop de prétendants se présentent, sans parler du petit Bonaparte.

Elvis Du Plessis (à Louis-Jacques) : Jérôme-Georges? le frère de Mathilde? Il était en prépa avec moi, à Louis-Le-Grand. C'est un petit con; il est à Sup de Co Toulouse.

Louis-Jacques : Ce qui manque dans le rock français aujourd'hui, c'est la dimension spirituelle, qui rattache l'homme à ses racines : la patrie, la terre, Dieu, le roi. C'est ce qui me manquait dans des groupes comme Iron Maiden, ou Scorpion, dont j'aimais cependant le renouveau de symbolisme germanique. Voilà pourquoi nous avons fait un vrai groupe Heavy-Metal royaliste pour combler le déficit spirituel du Hard français. Je crois qu'on a crédibilisé à nouveau l'alternative dynastique.

FIG-MAG : Qu'est-ce que vous avez envie de dire aux skinheads qui cassent les bancs de l’église à vos concerts?

Philippe-Frédérick : Les skinheads ne sont pas de mauvais bougres, même s'ils perdent trop souvent leur temps aux matchs de foot, plutôt que de s'investir positivement dans le combat dynastique et spirituel.

FIG-MAG : D'où vous est venue cette double passion pour la musique et le roi?

Elvis du Plessis : J'avais des copains légitimistes qui répétaient dans une cave à Chambord, ils aimaient bien The Cure et puis Saint-Pie V; ils m'ont demandé de jouer avec eux, j'ai dit oui, voilà (rires). On s'appellait "Les Camelots du Roy" (rires). Ça giclait dur dans les aigus.
Et puis j'ai rencontré Philou dans une rave à Passy, ça a collé. On a tout de suite eu l'idée de créer les Whiters pour rajeunir en même temps l'idée blanche et la musique monarchique d'une manière débridée, sauvage, optimiste...

Jean-Emmanuel : Bref : aristocratique.

Elvis du Plessis : C'est ça... Cool, quoi...

Jean-Emmanuel : Ça a été de la folie douce pendant trois ans. Aujourd'hui avec les White Spirit on va plus loin, on oublie les querelles dynastiques. La viole de gambe acoustique en a choqué plus d'un mais nous on trouve que ça vibre trop bien. Le problème pour moi en concert: penser à ne pas casser la viole, c'est plus rare et plus cher qu'une gratte de base (rires). Et le clavecin, sur les reprises des Doors ça donne d'enfer, vous trouvez pas ?

FIG-MAG : Est-il vrai que vous rencontrez régulièrement d'autres jeunes groupes monarchistes ?

Jean-Emmanuel : L'Europe sera dynastique ou ne sera pas. Dès 85 nous nous sommes rapproché des Bourbons d'Espagne. Louis de Bilbào, c'est un pote, on a joué la jevimetal ensemble au Festival de Tolède, il y quatre ans. C'est un super-batteur et un vrai chrétien. Une sacrée fête mariale, on s'est éclaté.

FIG-MAG : 2005 a été la grande année pour vous...

Mouloud : C'est vrai que jusqu'ici on sortait pas beaucoup des Yvelines et des Hauts-de-Seine. L'automne dernier on a fait un live-by-night au Puy-du-Fou, en hommage à la Vendée Militaire. On nous a dit après "C'est mieux que les Pink Floyd à Pompéï!" Ça a fini au petit matin, par une communion de masse, le truc fabuleux !

Elvis du Plessis : On a joué au Printemps de Chartres, aussi.

FIG-MAG : Vous voulez dire au Printemps de Bourges ?

Elvis du Plessis : Non, au Printemps Liturgique de Chartres, à la fin du pèlerinage.

FIG-MAG : Avez-vous des modèles particuliers dans le métier ?

Louis-Jacques : Charles Maurras et les Sex-Pistols. Mais aussi Pie V, Jean-Paul II... on est très éclectiques.

FIG-MAG : Quel est votre itinéraire musical, à chacun ?

Mouloud : Moi, tout a commencé quand j'ai rencontré "Mamelle" à Jeanson-de-Sailly, elle montait son groupe les Blue Blood, elle cherchait d'autres horizons confessionnelles au clavier (Armelle-Laure Sublime de Lamotte, dite Mamelle, une cousine Bourbon-Parme, fut l'espace d'une saison "l'égérie vénérienne-vénéneuse du monarchisme acoustique" NDLR).

Jean-Emmanuel : Moi, j'étais fan d'un groupe comme Wondertits, sans aucune compromission, surtout leur album Holy Leather. J'étais très Artic Monkeys aussi, évidemment.

Philippe-Frédérick : Moi, au début, l'orléanisme me broutait, je pensais qu'à la moto. En fait, j'étais plutôt tendance anarcho-monarcho (rires).

Louis-Jacques : Moi aussi j'ai eu ma période révoltée, j'écoutais Jean Ferrat, Fuck the cat. Je sortais avec des petites bourgeoises. Je déconnais, quoi (rires).

Elvis du Plessis : Moi j'avais la vocation sacerdotale. C'est les Fleurs de Lys, mon groupe-culte, qui m'a fait découvrir que le rock'n roll pouvait rendre son âme à la France.

FIG-MAG : Vos projets pour 2006?

Louis-Jacques : On nous a proposé une tournée archiépiscopale, Chartres, Rouen, Beauvais, et l'apothéose le 15 août à Reims, en présence de Sa Sainteté Benoit XVI. Ça va casser du prie-dieu.

Elvis du Plessis : Mon grand rêve, c'est monter une opérette-rock-légitimiste, une adaptation scénique des meilleures encycliques de Pie IX. Un truc cool, quoi...

FIG-MAG : Merci les White Spirit, et... vive le roi !...

Elvis du Plessis : Dieu te bénisse, mec. Merci à ton canard.

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